Le point de presse de la Santé publique, mercredi, tenu conjointement avec le ministre de la Santé Christian Dubé, était une réponse appropriée à la situation préoccupante que vit actuellement le Québec.

On a notamment recommandé aux citoyens de se remettre à porter un masque dans les lieux publics achalandés, sans toutefois rendre cette mesure obligatoire.

On a rappelé l’importance de pratiquer une bonne hygiène des mains et on a demandé la collaboration « des responsables des lieux publics » pour offrir du gel désinfectant et des masques « à leur clientèle ».

On a insisté sur l’importance de la vaccination, à la fois contre la COVID-19 (lorsqu’une mise à jour est nécessaire) et l’influenza. Notons aussi que Québec a annoncé, parallèlement, le lancement d’une campagne publicitaire accrocheuse à ce sujet.

La réponse est appropriée, donc, mais elle aurait pu être offerte… la semaine dernière !

Devant l’urgence de la situation, le Collège des médecins a effectué une sortie publique dès dimanche pour recommander le port du masque dans les lieux publics.

Et la veille, une pédiatre de Sainte-Justine, Guylaine Larose, avait réclamé l’intervention des autorités sanitaires. « Mais où est donc la Santé publique pour conseiller la population en matière de prévention ? », avait-elle écrit sur Twitter.

Loin de nous l’idée d’encourager les responsables de la Santé publique à convoquer la presse quotidiennement. Nous n’en sommes plus là. Mais davantage de réactivité ne serait pas un luxe, dans les circonstances.

Ça fait un certain temps qu’on constate que nous sommes la cible d'un « cocktail épicé de virus », comme l’a décrit mercredi le directeur national de santé publique, Luc Boileau.

Un certain temps, aussi, que les professionnels de la santé doivent tenir le système à bout de bras encore plus qu’à l’habitude.

Un certain temps, en somme, que nous savons qu’une tempête parfaite est en préparation.

Au sujet du déficit de réactivité de la part de la Santé publique, nous avions fait le même constat en juin dernier.

À l’époque, les cas de COVID-19 étaient en hausse, tout comme les hospitalisations, et nous avions invité le DBoileau à hausser le ton en prévention.

Découvrez notre éditorial de juin dernier

Mais revenons à la situation actuelle, car nous en avons discuté avec la Dre Cécile Tremblay, qui a publié en avril un essai au titre évocateur : Prêts pour une prochaine pandémie ?

« C’est étonnant que la Santé publique n’ait pas été plus présente dans les médias, a-t-elle confirmé. On n’a pas intégré ce qu’on a appris dans les premières années de la pandémie. »

Elle a toutefois fait remarquer que le problème n’est pas uniquement celui des responsables de la Santé publique.

Appliquer les mesures d’hygiène et d’étiquette respiratoire lorsque la situation épidémiologique se détériore, c’est du ressort de tout un chacun.

« Comme l’idée de porter un masque ou de rester à la maison quand on a des symptômes… Ce n’est pas devenu un réflexe. Sauf pour les plus vulnérables », a estimé l’experte.

C’est vrai. Et un changement de culture s’impose.

On l’a souvent dit au début de la pandémie : dans plusieurs pays, surtout en Asie, porter le masque lorsqu’on est malade pour empêcher la propagation des virus est fréquent. C’est encore loin d’être le cas ici.

Mais si on souhaite vraiment créer l’habitude et voir les normes sociales s’adapter en matière d’étiquette respiratoire, on aurait tout avantage à multiplier les campagnes publicitaires pour changer les mentalités.

Comme on a su le faire avec succès en santé publique au cours des dernières décennies sur plusieurs autres enjeux, du port de la ceinture de sécurité à la lutte contre le tabagisme, par exemple.

Et comme on va le (re) faire au cours des prochaines semaines pour la vaccination.

On sait à quel point notre réseau est fragile. On sait aussi que le nœud du problème, soit la faible capacité hospitalière du système, ne va pas se résoudre du jour au lendemain.

Davantage de créativité ne serait pas non plus un luxe, dans les circonstances.

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