Le résultat de la récente rencontre des ministres de la Santé à Vancouver ?

Imaginez le son d’un ballon qui se dégonfle et vous aurez une bonne idée de la façon dont tout ça s’est terminé.

C’était un dialogue de sourds avant même le début de la rencontre. Ça s’est poursuivi pendant la rencontre. C’est toujours le cas après la rencontre.

Les perdants : l’ensemble de la population du pays, des utilisateurs du système de santé aux professionnels qui y œuvrent.

La prémisse est pourtant très simple : les provinces ont besoin de plus d’argent d’Ottawa en santé.

Les calculs qui mènent à une telle conclusion sont également très simples. Les dépenses en santé des provinces augmentent généralement de 5 à 6 % par année. Or, depuis trop longtemps, les transferts en santé du fédéral grimpent uniquement de 3 % par année.

Le gouvernement fédéral aime rappeler que sa contribution a été modifiée à la fin des années 70. Depuis, une partie des sommes offertes pour financer la santé est attribuée aux provinces sous forme de points d’impôt. C’est vrai.

Les calculs des provinces, qui réclament 28 milliards de plus chaque année à Ottawa pour la santé (y compris quelque 6 milliards pour le Québec), n’en tiennent pas compte. C’est vrai aussi.

N’empêche que ce débat technique ne peut pas masquer une vérité incontournable : au cours des prochaines années, le gouvernement fédéral aura, davantage que les provinces, les moyens de payer la facture des sommes additionnelles requises en santé.

Certaines provinces, dont le Québec, ont hélas commis l’erreur d’annoncer des réductions d’impôts alors qu’elles doivent demander l’aumône d’Ottawa. Elles se placent en position de faiblesse lors des négociations, et, en plus leur décision est incohérente.

Nous l’avons déjà dit : Québec devrait investir dans les services et les infrastructures au lieu de baisser les impôts.

Lisez notre éditorial à ce sujet

Cela dit, ça ne change rien au fait qu’Ottawa a une responsabilité morale de venir à la rescousse des provinces qui peinent à investir des sommes suffisantes en santé.

De la pénurie de personnel au déficit de capacité hospitalière en passant par la pression due au vieillissement accéléré de la population, les problèmes sont nombreux et complexes à régler.

Et une partie de la réponse à ces problèmes se trouve à Ottawa.

Mais encore faut-il que le gouvernement fédéral et les provinces parviennent à s’entendre !

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, pensait amadouer les provinces cette semaine en se disant – pour la première fois – prêt à augmenter les transferts en santé. Mais il a ajouté que l’offre était valable si et seulement si les provinces s’engagent à collaborer à la création d’un système de données sur la santé avec des indicateurs communs d’un océan à l’autre.

Au Québec comme ailleurs, on s’inquiète d’une telle idée. Est-ce qu’un tel système pourrait, à terme, être utilisé comme un instrument de reddition de comptes ? Les provinces ont bien sûr besoin d’assurances que ce ne sera pas le cas. Elles n’en ont pas encore.

Alors à qui la faute si les pourparlers ont achoppé ?

D’un côté comme de l’autre, on s’accuse de mauvaise foi.

Notre avis : les usagers du système de santé s’en moquent comme de l’an quarante.

Ils n’ont pas envie de prendre position dans ce débat partisan. Ils veulent des résultats. Un point c’est tout.

Néanmoins, au lieu de temporiser et de favoriser la recherche d’une solution, Justin Trudeau et François Legault ont croisé le fer cette semaine dans la foulée de la rencontre de Vancouver.

Sérieusement ?

La pandémie a pourtant démontré à quel point Ottawa et les provinces, en matière de santé, peuvent être plus efficaces lorsqu’ils travaillent main dans la main.

Avis aux politiciens qui sont en train de déterrer la hache de guerre : rangez vos pelles et, de grâce, entendez-vous !

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