On vote de moins en moins au Québec.

Le taux de participation aux élections provinciales a chuté au cours des dernières décennies. Graduellement, mais inexorablement.

Dans les années 1980 et 1990, ce taux oscillait généralement autour de 75 % ou 80 %. Lors des plus récentes élections provinciales, en 2018, il était de 66,45 %.

Vous nous voyez venir avec nos gros sabots…

Nous voulons vous suggérer, bien humblement, que le moment serait particulièrement bien choisi si on voulait tenter de freiner la chute du taux de participation.

Et pour inverser la tendance, tant qu’à y être, pourquoi pas ?

Le moment serait bien choisi, premièrement, pour la préservation d’une démocratie en santé. Ça aurait pu sembler quelque chose de banal il y a quelques décennies, mais ça ne l’est plus.

Exercer son droit de vote demeure une façon fondamentale de participer au processus démocratique. Un geste d’autant moins anodin à un moment où la démocratie et les valeurs libérales sont en déclin dans le monde.

Le moment serait bien choisi, deuxièmement, parce qu’il est aujourd’hui plus facile de trouver chaussure à son pied.

On se retrouve avec cinq grands partis, qui se situent à peu près tous à des endroits différents sur le spectre idéologique de la représentation politique et qui ont des visions parfois radicalement différentes de l’avenir du Québec.

On est loin de devoir choisir simplement entre deux partis qui se ressemblent, un peu comme si on nous demandait de trancher entre le Coke et le Pepsi. Les saveurs sont plus diversifiées cette année. Profitons-en.

Il est aussi plus difficile de prétexter qu’on n’aime aucun candidat ou chef de parti ou qu’on ne se sent pas concerné par les enjeux. Ce sont deux des principales raisons citées par les Québécois sondés au sujet de l’abstention à l’élection provinciale de 2018 par les chercheurs François Gélineau, Philippe Dubois et Maxime Blanchard de l’Université Laval.

S’il est vrai que certains enjeux n’ont pas été abordés à la hauteur de leur importance au cours des dernières semaines (l’éducation, la pauvreté et les questions autochtones, par exemple), la campagne a malgré tout permis un remarquable brassage d’idées sur la majorité des sujets chauds. De l’économie à l’environnement, en passant par la santé et l’immigration.

Dur de prétexter, par ailleurs, qu’il a été difficile de s’informer au sujet des candidats, des partis et des programmes (une autre raison citée après le scrutin de 2018). La campagne, cette année, en a été une d’enjeux plus que de polémiques. Par conséquent, l’information sur les idées défendues par les candidats a circulé abondamment.

Par ailleurs, un éditorial sur l’importance du vote ne serait pas complet si on n’interpellait pas les jeunes.

Ces jeunes, aujourd’hui, votent moins. Et ce, de façon significative. Alors forcément, c’est préoccupant.

D’autant plus qu’ils ne votent pas seulement moins que leurs aînés, ce qui, en soi, ne serait pas une grande surprise. En fait, ils votent moins que leurs aînés votaient lorsqu’ils avaient leur âge. Ce qui fait dire à de nombreux chercheurs qu’on assiste à une désaffection de la génération montante pour la démocratie représentative.

Bien sûr qu’on peut comprendre la désillusion et le cynisme de nombreux citoyens à l’égard de la politique.

Mais le meilleur moyen de faire changer les choses — incluant d’obtenir, à terme, une réforme du mode de scrutin —, c’est de voter !

« La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres », avait dit Winston Churchill. Personne n’est encore parvenu à le contredire. N’empêche que le nombre d’autocrates qui renforcent leur pouvoir aux quatre coins du monde est en hausse.

On ne va pas régler la crise de la démocratie dans le monde en exerçant son droit de vote au Québec.

Sauf qu’en participant à cet exercice démocratique, on peut démontrer de façon concrète qu’on souhaite éviter que cette crise ne s’envenime encore un peu plus.

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