Il mène une bonne campagne, Paul St-Pierre Plamondon.

Sa cordialité, ses qualités indéniables sur le plan de la communication et, parallèlement, sa capacité à bien défendre ses idées ont été remarquées.

Ce qui aide, c’est que dans son programme, il y a de riches idées sur des enjeux importants. Dont certaines, on l’espère, vont inspirer les élus qui seront au pouvoir à l’issue du prochain scrutin.

Le plan vert du Parti québécois est le seul, par exemple, avec celui de Québec solidaire, qui est à la mesure du défi représenté par les changements climatiques.

La formation politique mise sur une réduction des gaz à effet de serre de 45 % par rapport au niveau de 2010. Ce qui permettrait de faire chuter les émissions québécoises à 44 mégatonnes de CO2 équivalentes.

Dans son plan, on trouve des objectifs précis pour chaque secteur de l’économie. On prévoit notamment des investissements massifs dans le transport collectif, un choix éclairé.

On aura aussi noté les propositions ambitieuses du parti sur les soins à domicile. Paul St-Pierre Plamondon a compris que le système a besoin d’un « électrochoc » pour qu’il soit à la hauteur des besoins de notre société vieillissante.

Si le Parti québécois prenait le pouvoir, on verrait tripler le nombre d’heures de soins à domicile offertes à travers la province. Pour y arriver, on injecterait 3 milliards de dollars de plus par année.

Sans compter que sur le plan fiscal, le PQ est un des rares à ne pas promettre de baisses d’impôt. La CAQ, le Parti libéral – et pire encore, le Parti conservateur – semblent ne pas avoir réalisé que les investissements nécessaires pour remettre les infrastructures et les services publics à niveau au Québec sont colossaux. Ni que, parallèlement, une récession nous pend au bout du nez.

En somme, le Parti québécois a fait ses devoirs et offre des propositions mûrement réfléchies sur plusieurs enjeux.

Pourtant, la formation politique de René Lévesque n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été au cours des cinq dernières décennies.

Le Parti québécois a connu les pires résultats électoraux de son histoire en 2018 en récoltant 17 % des voix. Les sondages suggèrent que sa performance en 2022 pourrait être encore moins reluisante.

Paul St-Pierre Plamondon, au tout début de sa campagne, avait promis que son parti serait « l’équipe Cendrillon du tournoi ». Celle qui, donc, se rend « pas mal plus loin que ce que tout le monde avait prédit ».

Il est vrai que son parti, qui était au deuxième sous-sol avant le déclenchement de la campagne, a gravi quelques étages au cours des dernières semaines.

Il est vrai, également, qu’il en a fait du chemin Paul St-Pierre Plamondon au cours de la dernière année. À l’automne 2021, il avait été surnommé monsieur 3 % en référence au faible pourcentage de Québécois qui voyaient en lui le meilleur candidat pour devenir premier ministre.

Ça va mieux. Mais il reste qu’on est bien loin du temps où le Parti québécois dominait, avec le Parti libéral, la vie politique québécoise. L’époque pas si lointaine où les deux partis récoltaient une large, très large majorité des voix.

La raison en est simple : le débat sur l’indépendance du Québec n’est plus l’enjeu principal autour duquel se structure notre vie politique.

Le problème pour le Parti québécois – et il est lourd de conséquences – c’est qu’il s’est remis à faire de l’indépendance son obsession, alors que ses prédécesseurs avaient mis l’option en sourdine.

Mais à quel prix… Le reste de son programme s’en retrouve éclipsé et le parti demeure politiquement affaibli. Paul St-Pierre Plamondon n’est même pas sûr de remporter la victoire dans sa propre circonscription.

En entrevue éditoriale virtuelle jeudi, alors qu’il était sur la route entre Lévis et Rimouski, il a soutenu que son parti était en train de rebondir « vigoureusement ». Mais en fait, même les jeunes ne sont pas au rendez-vous qu’il propose aux électeurs québécois.

La souveraineté est loin, très loin d’être la priorité de la génération montante (et ce n’est pas celle des autres non plus).

Il est fort possible, aussi, que le PQ ait du mal à séduire les jeunes avec un projet de société qui rime maintenant avec une importante réduction du nombre d’immigrants. Une idée déraisonnable à la fois en raison de la pénurie de main-d’œuvre et de l’impact sur le poids du Québec au Canada.

C’est plutôt Québec solidaire, un parti qui prône la souveraineté sans la mettre au premier plan, qui plaît à la jeune génération. QS est très certainement davantage identifié par ses partisans comme le parti de la cause environnementale et des idées les plus progressistes. Bon nombre de fédéralistes le soutiennent, d’ailleurs.

Est-ce que, le soir du 3 octobre, on jugera que le Parti québécois aura bel et bien été l’équipe Cendrillon du tournoi ? Peut-être.

Mais lorsque les douze coups de minuit auront sonné, il est fort possible que son carrosse se transforme malgré tout en citrouille. Parce que la formation politique n’aura même pas passé près de remporter la coupe.

Paul St-Pierre Plamondon a peut-être raison de soutenir que le mouvement souverainiste est un géant endormi. Mais le verdict est sans appel : ce n’est pas cette année qu’il se réveillera.

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