À quand un véritable plan de lutte contre le cancer au Québec ?

C’est essentiellement la question qui a été posée à nos élus la semaine dernière par la Coalition priorité cancer au Québec, qui a effectué une sortie publique dans le cadre de la campagne électorale.

Elle a mis le doigt sur notre principal problème dans ce dossier dont l’importance relève de l’évidence : on n’est jamais vraiment parvenu à se mobiliser contre le cancer avec une détermination implacable.

Comme on l’a fait pour la COVID-19, par exemple.

Le gouvernement du Québec, comme bien d’autres dans le monde, est carrément entré en guerre contre la pandémie. Au figuré, mais aussi au propre. Au plus fort de la crise, des militaires ont même été dépêchés dans les CHSLD de la province.

La riposte a été vigoureuse.

On n’a pas besoin de soldats pour lutter contre le cancer.

N’empêche, imaginez si on investissait, au Québec, ne serait-ce qu’une fraction de la volonté politique et des ressources déployées dans le cadre de la pandémie !

Plusieurs choses changeraient rapidement.

D’abord, il y aurait un véritable plan de lutte contre la maladie.

Une telle stratégie permettrait de fixer des objectifs pour réduire l’impact du cancer sur la société québécoise. Et de se démener pour les atteindre. Car il y aurait une obligation de résultat.

D’autres l’ont fait. La France, par exemple, qui dispose d’une stratégie détaillée contre le cancer depuis 2003.

L’an dernier, lors de la publication de son plus récent plan, le pays s’est donné comme objectif de réduire de 60 000 par année (sur 153 000 actuellement) le nombre de cancers évitables d’ici 2040. On souhaite aussi, notamment, faire bondir le nombre de dépistages et diminuer le pourcentage de patients qui souffrent de séquelles cinq ans après leur diagnostic. Au total, la stratégie compte près de 240 mesures.

Si le Québec luttait aussi vigoureusement contre le cancer qu’il l’a fait contre la COVID-19, on se soucierait aussi bien davantage de la prévention. Réduire le risque de cancer deviendrait une priorité.

On miserait également sur la recherche avec plus d’enthousiasme. On ferait grimper le financement, mais aussi le nombre de patients qui ont accès à des études cliniques. Il est urgent d’accélérer et de simplifier le processus d’accès aux projets de recherche, vous diront des médecins spécialisés en oncologie.

Le dernier changement majeur espéré — mais non le moindre – est un virage majeur sur le plan de la disponibilité des données.

C’est quand même hallucinant de voir, année après année, de nombreux experts s’époumoner pour tenter de faire comprendre au ministère de la Santé que le manque de données sur le cancer au Québec est aussi néfaste que gênant.

Notre journaliste Ariane Lacoursière révélait en juin dernier que le Registre québécois du cancer n’est pas encore pleinement fonctionnel, 12 ans après avoir été mis sur pied.

Lisez le dossier de notre journaliste

Comment voulez-vous lutter adéquatement contre une maladie si vous ne disposez pas des données qui vous permettent de connaître avec précision l’état de la situation, mais aussi l’impact de vos diverses interventions, tant pour le traitement que pour la prévention ?

Sous l’impulsion du ministre Christian Dubé, on diffuse depuis longtemps, sur une base régulière, de nombreuses données fiables sur la COVID-19.

À quand la même chose pour le cancer ?

On a pris la COVID-19 au sérieux en raison de la menace qu’elle posait pour la société québécoise.

Faut-il rappeler que le cancer est désormais la principale cause de mortalité tant chez les hommes (35,5 % des décès) que chez les femmes (31,9 %) ? Ça signifie qu’environ 20 000 personnes meurent du cancer chaque année au Québec.

Et ça ne devrait pas aller en s’améliorant, hélas, étant donné le vieillissement de la population.

Les idées ne manqueront pas, d’ici la fin de la campagne, pour améliorer notre système de santé. La lutte contre le cancer doit faire partie des priorités.

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