Enfin, on va commencer à construire sur le site de l’ancien hippodrome Blue Bonnets ! Ce n’est pas trop tôt quand on sait que le dernier cheval y a galopé en 2009 !

La Ville de Montréal a annoncé lundi qu’elle s’apprête à lancer un appel à projets pour la construction de 200 logements sociaux et abordables d’ici 2025.

C’est une excellente nouvelle dans un contexte où ces logements, qui font cruellement défaut, sont une des clés pour résoudre la crise du logement !

Mais c’est aussi le début d’un long calvaire pour les organismes communautaires d’habitation.

Tous les acteurs du milieu vous le diront, construire des logements sociaux, communautaires ou abordables au Québec est un véritable chemin de croix. Il y a une telle complexité dans les programmes qu’une chatte n’y retrouverait pas ses petits.

Nous avons déjà écrit ici que le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), créé l’hiver dernier pour remplacer AccèsLogis, devait être amélioré. Mais ce n’est pas le seul problème.

La réalité, c’est que l’ensemble des programmes de financement ne sont pas arrimés. Il est donc impossible de frapper à une seule porte pour développer un projet immobilier à but non lucratif.

Pour réussir un montage financier, il faut « empiler les programmes », nous explique-t-on. Parfois, il faut aussi aller frapper à la porte d’une fondation privée pour boucler son budget.

Pire encore : certains programmes ont des exigences contradictoires. Et tellement d’étapes que cela prend un temps fou avant d’arriver au bout du processus. Bref, c’est lourd, c’est opaque, et les groupes communautaires perdent beaucoup de leur précieuse énergie à remplir des pages et des pages de formulaires, sans compter les allers-retours entre chaque étape technique.

Ces délais font perdre un temps précieux aux promoteurs communautaires qui doivent compétitionner avec le marché privé dans l’acquisition d’un terrain. Le temps qu’ils reçoivent le feu vert et le terrain convoité a été vendu.

Il faut aller plus vite.

L’idée n’est pas de faire disparaître les critères ni de distribuer l’argent sans compter.

Mais il faut trouver des moyens de faciliter la vie des organismes qui souhaitent construire ce type de logements.

Est-ce que la Société d’habitation du Québec (SHQ), dont la responsabilité est de coordonner des programmes en matière d’habitation, pourrait devenir un guichet unique où les promoteurs déposeraient leur projet ? C’est une avenue à explorer sérieusement.

La SHQ devrait également s’assurer que le cadre normatif ainsi que tous les critères de ses programmes (elle en gère une vingtaine) soient harmonisés et à jour afin d’éviter des retards administratifs inutiles. C’est le cas actuellement.

On le disait d’entrée de jeu, la question des logements sociaux, communautaires et abordables est au cœur de la crise de l’habitation que nous vivons actuellement. L’organisme Vivre en ville propose justement un plan de sortie de crise ambitieux, présenté aujourd’hui, qui vise notamment la construction de dizaines de milliers de logements sociaux et abordables d’ici cinq ans. Comment ? En offrant des avantages compétitifs aux projets à but non lucratif, en développant des produits hypothécaires distincts pour les coops d’habitation et les fiducies foncières, et en permettant aux municipalités d’exploiter un parc immobilier, comme en Europe. Ces idées méritent d’être débattues lors du grand sommet sur l’habitation qui se tiendra vendredi, à l’initiative de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, et du maire de Laval, Stéphane Boyer.

Chose certaine, il faut plus de logements sociaux et abordables. Et pour cela, il faut faciliter la vie de ceux et celles qui souhaitent en construire.

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