S’il fallait une nouvelle preuve qu’on n’en fait (vraiment) pas assez pour le climat, la voici : avec l’adoption d’une nouvelle loi sur le climat aux États-Unis, les Américains feront désormais davantage d’efforts que les Québécois et les Canadiens pour réduire leurs émissions de CO2 d’ici 2030.

Et on ne parle même pas des Européens, en avance dans la lutte contre les changements climatiques…

Les chiffres sur les émissions de CO2 ne font peut-être pas les manchettes tous les jours, mais ils ne mentent pas : le Canada et le Québec sont, chacun à leur façon, des cancres en matière d’efforts pour réduire les émissions de CO2.

Parmi les pays du G7, le Canada est celui qui a (de loin) le plus augmenté ses émissions de CO2 entre 1990 et 2019. Parce qu’il produit davantage de pétrole.

L’avenir est aussi décevant : le Canada a un plan climat concret moins ambitieux que les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni en vue de 2030.

Avec le plan climat du gouvernement Trudeau (les mesures concrètes, pas l’objectif théorique), le Canada espère réduire ses émissions de CO2 de 36 % d’ici 2030 (par rapport à 2005). Le mot-clé dans cette phrase : espérer. L’Institut de l’énergie Trottier, un organisme indépendant, estime que même avec des lunettes roses, le plan actuel fédéral permet des réductions de 25 %. Au mieux.

Comparons-nous avec d’autres économies occidentales similaires.

Au sud de notre frontière, les États-Unis seraient capables de réduire leurs émissions de 42 % d’ici 2030 avec la nouvelle loi fédérale sur le climat, selon les prévisions d’un institut de l’Université Princeton.

L’adoption de cette nouvelle loi est la meilleure nouvelle pour le climat depuis longtemps. C’est une avancée majeure : les États-Unis passent de 27 % à 42 % de réduction de leurs émissions de CO2 d’ici 2030.

Grâce à cette loi, Washington investira 369 milliards US sur 10 ans, principalement pour développer des énergies renouvelables et favoriser l’achat de véhicules électriques. Certes, ce n’est pas aussi ambitieux que le plan original du président Joe Biden. Mais cet accord conclu in extremis avec les 50 sénateurs démocrates permet à la plus grande économie du monde de revenir aux premières loges en matière de lutte contre les changements climatiques.

De l’autre côté de l’océan Atlantique, l’Europe est encore plus ambitieuse. Et surtout, elle se donne les moyens de ses ambitions climatiques.

Vrai, les États-Unis et des pays européens comme le Royaume-Uni ont eu un « avantage » pour réduire leurs émissions au cours des dernières décennies : ils produisaient et consommaient beaucoup de charbon, une énergie très polluante. C’est plus facile de verdir son bilan quand on consommait du charbon (Royaume-Uni, États-Unis) ou du gaz naturel (Allemagne) plutôt que de l’hydroélectricité (Québec).

L’excuse des réductions plus « difficiles » à obtenir au Québec (parce qu’on est plus vert au départ) a assez duré.

Si on veut lutter efficacement contre les changements climatiques, tous les États — particulièrement les États riches comme le Canada et le Québec – doivent faire leur juste part.

Les experts du GIEC nous disent que pour limiter la hausse de la température à 1,5 °C, il faut réduire les émissions mondiales de CO2 de 43 % d’ici 2030 (par rapport au niveau de 2019).

Dans un monde idéal, tous les États développés devraient réduire leur bilan carbone d’au moins 43 %. Tout le monde. Incluant le Québec.

Dans son plan vert, le gouvernement Legault a seulement financé des réductions de 18 % de ses émissions de CO2 d’ici 2030. Pour l’autre moitié des réductions (- 21 % des émissions), on se fie à des mesures non annoncées et au marché du carbone.

Ça manque clairement de volonté et d’ambition.

Surtout quand nos voisins américains nous ont rattrapés et que nos amis européens continuent de mettre les bouchées doubles.

Sauf mention contraire, toutes les réductions des émissions de CO2 dans ce texte réfèrent à 2005 comme année de référence. Les plans climat en Europe ont été vulgarisés avec l’expertise du Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment de la London School of Economics.

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