Dans deux semaines et demie, on sera en pleine rentrée scolaire. En cette troisième rentrée pandémique, les élèves et les profs entreront-ils dans des classes bien ventilées ?

On aimerait vous répondre franchement. Mais c’est impossible. Notamment parce que Québec ne sait pas combien d’argent on a dépensé cet été pour améliorer la qualité de l’air dans les écoles.

En plus d’assurer une bonne santé respiratoire (un objectif général de santé publique, pandémie ou non), une bonne ventilation dans les écoles permet de réduire la transmission par aérosol de la COVID-19.

La COVID-19 se transmet le plus souvent par gouttelettes et par aérosol lorsqu’il y a des contacts étroits à moins de deux mètres. Le masque aide grandement à empêcher ce type de transmission. Elle se transmet aussi à plus longue distance (plus de deux mètres) par aérosol à l’intérieur, surtout si la pièce est mal ventilée. D’où l’importance d’une bonne ventilation et aération dans les classes.

Or, on n’améliore pas l’aération et la qualité de l’air dans les écoles en criant ciseaux. Ça se planifie des mois à l’avance. Pas quand on traverse une crise au milieu de l’hiver.

Malheureusement, le gouvernement Legault a été réactif (traduction : en retard) depuis le début dans le dossier de la qualité de l’air dans les écoles. Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge s’est embourbé dans ses explications souvent confuses. Il évite maintenant le sujet.

Pourtant, Québec a consacré des centaines de millions à améliorer la qualité de l’air dans les écoles. De juillet 2020 à décembre 2021, Québec a investi 293 millions de dollars. Toutes proportions gardées, c’est presque autant qu’en Ontario. Sauf qu’en Ontario, le gouvernement Ford a appliqué le principe de précaution en distribuant des purificateurs d’air dans les classes non ventilées mécaniquement.

L’autre différence, encore plus importante : le Québec partait de beaucoup plus loin que des provinces comme l’Ontario.

Pour assurer une bonne qualité de l’air, l’idéal est d’avoir un système de ventilation mécanique. Or, 54 % des écoles publiques au Québec n’en ont pas. En Ontario, c’est seulement 30 % des écoles qui n’en ont pas (seulement 10 % en comptant les systèmes de ventilation dans une partie de l’école). En Colombie-Britannique, 4 %. Améliorer la qualité de l’air est donc beaucoup plus compliqué — et plus cher — pour le Québec que pour ces autres provinces.

De juillet 2020 à décembre 2022, Québec dépensera 518 millions pour améliorer la qualité de l’air dans les classes. Il a dépensé 293 millions en 2020-2021 et a prévu 225 millions en 2022.

Est-ce suffisant ? Franchement, c’est difficile à dire. Entre autres parce que Québec ne sait pas combien il dépensait chaque année pour améliorer la ventilation et la qualité de l’air avant la pandémie.

En a-t-on fait assez en vue de la rentrée de septembre ?

Aussi incroyable que ça puisse paraître, le ministère de l’Éducation du Québec ne sait pas combien des 225 millions prévus en 2022 seront dépensés à temps pour la rentrée, a-t-il indiqué. Il le saura seulement cet automne.

Encore une fois dans ce dossier, au lieu de rassurer les parents, les enfants et les profs, le ministre Roberge brille par son absence…

La stratégie du gouvernement Legault en matière de qualité de l’air dans les écoles comporte aussi deux risques :

1) D’abord, on se fie trop sur le fait que les profs vont ouvrir les fenêtres. Ça marche bien au printemps. Mais on a vu l’hiver dernier qu’ouvrir les fenêtres à -30 °C, ça ne fonctionnait pas. Si on n’a pas planifié assez de travaux cet été, on aura le même problème l’hiver prochain.

2) Ensuite, Québec s’est donné comme objectif pour la rentrée que toutes les classes aient une concentration moyenne de CO2 sous sa norme de 1500 ppm. Or, les propres experts du ministère de l’Éducation lui ont recommandé d’adopter 1000 ppm. En France et aux États-Unis, on utilise 800 ppm. En Allemagne, 1000 ppm. Seuls l’Angleterre, la Nouvelle-Zélande et le Québec utilisent 1500 ppm. En utilisant 1500 ppm au lieu de 1000 ppm, le gouvernement Legault a l’air d’un prof qui baisse la note de passage : ça gonfle les résultats du groupe, mais ça ne rend pas les élèves plus forts.

Lisez « La norme de Québec moins exigeante que recommandé »

On devrait aussi calculer la moyenne de CO2 uniquement quand les élèves sont en classe. Actuellement, on calcule de 8 h à 16 h en semaine, peu importe si les élèves sont en classe ou pas.

On espère que Québec a dépensé assez d’argent cet été pour améliorer la ventilation dans les écoles. Car améliorer la qualité de l’air n’est pas seulement une façon de lutter contre la COVID-19. C’est aussi important pour la santé respiratoire générale des élèves et des profs.

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