On a une bonne et une mauvaise nouvelle à propos de la variole simienne.

D’abord, la bonne nouvelle : il est possible de la rayer de la carte au pays.

Ensuite, la mauvaise : on ne met pas encore toutes les chances de notre côté pour y arriver.

Il est normal, évidemment, de ne pas s’en faire autant que ce fut le cas au tout début de l’épidémie de COVID-19.

La variole simienne est, la plupart du temps, bénigne (on a recensé à Montréal sept hospitalisations pour 317 cas confirmés en date du 1er août). Même si en souffrir peut être très pénible, on en meurt peu.

La maladie n’est pas non plus hautement transmissible.

L’idée n’est pas de faire peur au monde. On ne s’attend pas non plus à des mesures sanitaires du même type que celles mises de l’avant au plus fort de l’épidémie de COVID-19.

Ça n’a rien à voir.

N’empêche qu’il est important de prendre la variole simienne au sérieux. Et il est crucial de freiner sa progression au Québec et au Canada.

On veut l’empêcher, autant que faire se peut, de devenir endémique. C’est-à-dire de sévir, ici, de façon permanente.

On doit reconnaître qu’on a réagi, au pays, de façon plus efficace qu’aux États-Unis. Un ancien commissaire de la Food and Drug Administration (FDA) a reproché cette semaine aux autorités sanitaires américaines de ne pas tester suffisamment et de ne pas disposer d’un assez grand nombre de vaccins.

Si la variole simienne s’installe de façon permanente aux États-Unis et devient un virus endémique qui s’ajoute à notre répertoire de pathogènes, ce sera l’un des pires échecs des temps modernes en matière de santé publique, non seulement en raison de la douleur et du risque de la maladie, mais aussi parce que c’était tellement évitable.

Scott Gottlieb, ex-commissaire à la FDA, dans le New York Times, lundi

La situation n’est pas la même de ce côté-ci de la frontière. En fait, la rapidité avec laquelle nos autorités sanitaires ont réagi est saisissante. Les premiers cas de variole simienne à Montréal ont été confirmés le 20 mai dernier et ça n’a pris par la suite que sept jours pour rendre les vaccins disponibles dans la métropole.

Il est toutefois possible — et souhaitable — d’améliorer notre performance. C’est d’ailleurs le message que tente de faire passer ces jours-ci le docteur Réjean Thomas, président et fondateur de la clinique médicale L’Actuel.

Il faut entre autres, selon lui, vacciner encore plus. Ça tombe sous le sens. Jusqu’ici, 15 303 vaccins ont été administrés (sur un objectif de 25 000). C’est bien, mais ce n’est pas encore suffisant.

Davantage de membres des populations à risque (actuellement, on cible les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes) doivent être sensibilisés et convaincus de retrousser leurs manches.

D’autant plus, rappelait le médecin dans nos pages récemment, que se déroule cette semaine le festival Fierté Montréal et qu’il y aura « beaucoup de monde en ville ». Les efforts de vaccination doivent donc être intensifiés rapidement.

Mais ce n’est pas tout.

Il faut absolument investir dans la recherche, dans la prévention et dans l’action. Ne négligeons pas cette épidémie, qui est une nouvelle maladie émergente.

Le docteur Réjean Thomas

Le défi est mondial. D’ailleurs, plus la maladie progresse ailleurs dans le monde, plus il sera difficile de la faire disparaître complètement ici. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le 23 juillet dernier « une urgence de santé publique de portée internationale ».

Ce jour-là, l’OMS a aussi lancé une mise en garde qui demeure fondamentale dans le cadre des stratégies mises en place pour lutter contre la variole simienne : il importe également de combattre la stigmatisation que l’on constate déjà à l’égard des membres des communautés les plus visées par la maladie.

La stigmatisation doit être, elle aussi, éradiquée.

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