Pour certains, la canicule est tout simplement synonyme d’une belle journée à la plage. Mais en 2022, il est impossible de la dissocier complètement du réchauffement climatique. Et il ne suffit pas d’attendre quelques jours pour que la planète cesse d’avoir chaud…

PHOTO TOM NICHOLSON, REUTERS

« Pourquoi les médias illustrent encore parfois des articles sur la canicule avec des photos de bronzette ? » Cette question d’un lecteur, soumise au quotidien français Libération le mois dernier, aurait pu être posée dans n’importe quel pays. Tant mieux pour ces baigneurs des Cornouailles, dans le sud de l’Angleterre, qui peuvent « profiter du soleil », comme le suggérait (très maladroitement) le ministre britannique de la Justice Dominic Raab. Mais ces canicules récurrentes, l’un des nombreux effets du réchauffement climatique, n’ont rien de la légèreté d’une journée à la plage.

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Parlons de la France, justement. Si on doit montrer une photo de plage en pleine canicule, aussi bien prendre celle-ci, prise à Arcachon, avec les incendies de forêt de Gironde en arrière-plan. Le réchauffement climatique « n’est ni une prophétie, ni une intuition, ni une hypothèse », comme l’a déclaré ce week-end l’élu écologiste Alexandre Florentin. La canicule historique de 2003 fera bientôt partie de la « normale », et il faut donc se demander à quoi ressemblera « l’exceptionnel », disait-il encore le mois dernier.

PHOTO PATRICK T. FALLON, AGENCE FRANCE-PRESSE

La normalité, aux États-Unis, ce sont désormais des lacs qui s’assèchent lentement, comme ici, au lac Mead, qui approvisionne en eau 25 millions de personnes. Pourtant, seulement 1 % des Américains placent la lutte contre les changements climatiques au sommet des priorités de leur pays, selon un sondage New York Times/Siena College. Encore plus affligeant : 3 % des électeurs de moins de 30 ans situent cet enjeu au sommet de leurs priorités.

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Pourquoi si peu d’intérêt pour une question qui frappe aussi durement les Américains eux-mêmes ? « Les gens sont épuisés par la pandémie, ils sont terriblement désillusionnés par le gouvernement », a dit au New York Times Anusha Narayanan, de Greenpeace. « Les gens voient le climat comme un problème de demain. » Ce qui explique qu’en pleine sécheresse californienne, certains ne se gênent pas pour arroser leur pelouse, comme sur cette photo prise vendredi dernier à Los Angeles…

PHOTO INA FASSBENDER, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’analyse d’Anusha Narayanan peut certainement s’appliquer ailleurs dans le monde, notamment au Québec… Difficile alors de concilier ces images de 2022 avec le sentiment que la lutte contre le réchauffement climatique peut encore attendre. Les réfugiés climatiques dans le monde se comptent déjà par millions – en 2021, selon l’ONU, 59,1 millions de personnes dans le monde ont dû quitter leur région en raison de désastres climatiques. Ici, des résidants de Schuld, en Allemagne, soulignent le premier anniversaire des inondations qui ont emporté près de 200 personnes dans cette région en juillet 2021.

PHOTO FERNANDO LLANO, ASSOCIATED PRESS

Reconnaître l’existence du réchauffement climatique n’est pas un « choix » – parlez-en aux gens de Monterrey, au Mexique, où les robinets coulent désormais seulement six heures par jour. Le choix qui s’offre à nous, comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU lundi, c’est celui de « l’action collective ou du suicide collectif ». De fait, limiter le réchauffement ne doit pas être qu’une priorité parmi d’autres sur la liste. Ce doit être l’élément qui guide chacune d’entre elles.

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