Quel bordel…

Partir en vacances en avion ne devrait pas être une course à obstacles.

Pourtant, même si vous avez obtenu votre passeport de justesse après avoir fait la queue pendant des heures, ébranlé par un mélange de stress et de frustration, vous n’êtes pas nécessairement au bout de vos peines.

On le constate chaque jour un peu plus : ça craque de partout à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Vols annulés.

Retards majeurs.

Délais désolants pour franchir les douanes.

Attente interminable pour obtenir ses bagages. Et ça… c’est si vous parvenez à les obtenir.

Le Journal de Montréal racontait mercredi l’histoire d’un Montréalais de retour de France qui attend sa valise depuis, tenez-vous bien, 12 jours !

Et ce bordel n’est pas propre à Montréal. À l’extérieur du pays, vous devrez peut-être surmonter d’autres embûches. Les nouvelles en provenance de plusieurs aéroports européens ne sont pas meilleures.

Travailler, c’est trop dur, chantait Zachary Richard. Aujourd’hui, il composerait peut-être un hymne à la sédentarité ! Du genre : voyager, c’est trop dur. Et voler, c’est pas beau.

Le pire, c’est qu’à court terme, il ne faut pas espérer un retour à la normale. Pour ça, il aurait fallu faire preuve de prévoyance. Mais les compagnies aériennes, ayant eu les yeux plus grands que la panse, ont fait preuve d’insouciance.

Elles ont mis en vente plus de sièges que ce qu’elles pouvaient, logistiquement, se permettre. Elles doivent aujourd’hui annuler des vols.

C’est ce à quoi Air Canada a dû se résoudre mercredi soir. Jeudi, c’était au tour de WestJet.

Ça fait mal. Mais c’est la bonne décision. Pourquoi vendre des services qu’on ne peut pas offrir adéquatement ?

Il s'agit, comme dans bien d’autres secteurs, d’un problème de main-d’œuvre. On parle principalement, à Montréal-Trudeau, d’une pénurie de bagagistes et d’agents de fouille (pour leur part au service de l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien).

Il aurait fallu, malgré la pandémie, trouver des façons de retenir les employés qui étaient bien formés et avaient déjà une solide expérience, plutôt que de les mettre à la porte.

Autre problème : les salaires et les conditions de travail, pour ces emplois, n’ont jamais été très alléchants. On a besoin de miel, pas de vinaigre. D’autant plus qu’à l’heure actuelle, ces travailleurs se retrouvent eux aussi plongés dans le chaos. Qui voudrait être à leur place ?

Quand on parle d’imprévoyance, on ne peut pas non plus passer sous silence celle d’Ottawa.

La performance du gouvernement fédéral a été lamentable dans le dossier des passeports. On ne peut pas dire qu’elle est vraiment plus reluisante quant à la situation actuelle à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Rétrospectivement, il apparaît évident que l’aide offerte aux compagnies aériennes pendant la pandémie est arrivée « trop tard et était mal ciblée ». C’est l’avis du directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile de l’UQAM, Mehran Ebrahimi.

Il leur était par conséquent moins facile de conserver des employés qui, aujourd’hui, auraient pu les tirer de ce mauvais pas.

PHOTO PATRICK DOYLE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports

On ne peut pas dire que le ministre des Transports, Omar Alghabra, se démène avec l’énergie du désespoir, depuis le début de la crise, pour la régler. Heureusement, on a interrompu momentanément les tests aléatoires de dépistage de la COVID-19 pour les passagers qui entrent au Canada. D’autres mesures ont été adoptées, mais elles sont visiblement insuffisantes.

On comprend qu’Ottawa, les aéroports et l’industrie aérienne sont exposés à la tempête parfaite.

On nous a même expliqué que certains vols en provenance de l’étranger arrivent à Montréal sans bagages ! On peut imaginer que réacheminer toutes ces valises est un cauchemar logistique pour les travailleurs de l’aéroport montréalais, qui sont déjà débordés.

On comprend également qu’il n’y a pas de solution miracle.

Mais on comprend que cette crise est aussi le résultat d’un manque de vision et de leadership.

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