Pour Vladimir Poutine, la guerre est un instrument politique. Et la fin justifie les moyens.

Ces deux postulats expliquent la sale guerre qui se déroule en Ukraine. Une tragédie qui prend parfois des allures de boucherie, où des civils sont victimes de la volonté de puissance d’un tyran.

C’est ainsi qu’il faut comprendre les images des cadavres dans les rues de Boutcha (une ville qui vient d’être reprise par l’armée ukrainienne) qui soulèvent l’indignation ces jours-ci. Tout comme les divers témoignages au sujet des exactions russes, en particulier celui de l’organisation Human Rights Watch, qui évoque des « crimes de guerre ».

En réaction à ces horribles développements, une motion du NPD a été adoptée à l’unanimité lundi à la Chambre des communes pour condamner les « crimes contre l’humanité et les crimes de guerre perpétrés par Vladimir Poutine, l’armée russe et les groupes soutenus par la Russie ».

Noble initiative. Mais il importe aussi de passer à l’action.

Au début du mois de mars, la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les allégations de crimes de guerre commis en Ukraine.

Pour le Canada et ses alliés, l’heure est venue de faire passer le soutien à cette enquête à la vitesse supérieure.

La CPI aura besoin à la fois de ressources financières et humaines pour mener à bien son travail. Dans un cas comme dans l’autre, la contribution d’Ottawa sera précieuse.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, était de passage lundi à Helsinki. Elle a affirmé que le Canada allait « continuer de travailler avec la Cour pénale internationale ». À Ottawa, on songe actuellement à offrir une aide financière au tribunal.

Le temps presse. Le processus de collecte de preuves est une partie importante du travail d’enquête. Une tâche qui doit être menée le plus rapidement possible.

On n’allègue pas ici que le Canada est demeuré les bras croisés. Au contraire. Le pays a été un des premiers à déférer la situation en Ukraine à la Cour pénale internationale.

Et on a appris récemment que la GRC va y expédier des renforts sous peu. Le nombre de policiers canadiens affectés aux enquêtes de la CPI passera de trois à dix « une fois les préparatifs conclus », nous a-t-on expliqué.

Il est crucial de redoubler d’efforts, même si l’issue d’éventuelles poursuites demeure incertaine.

Premièrement, l’histoire de la CPI nous a montré que justice peut être rendue, même lorsqu’on estime initialement qu’il s’agit d’un pari impossible. Pensons que même l’ex-dictateur soudanais Omar el-Béchir, jadis intouchable, pourrait être remis au tribunal dans un avenir proche.

Deuxièmement, son travail n’est pas vain, ne serait-ce que parce que les enquêtes permettront de faire la lumière sur ce qui s’est véritablement passé et de déterminer la responsabilité des divers acteurs sur le terrain quant aux crimes commis.

Il est important aussi de lutter contre la désinformation ambiante, alimentée notamment par Moscou, qui cherche, par exemple, à faire croire à une mise en scène à Boutcha et non à un véritable massacre.

Or, non seulement bon nombre d’exactions sont déjà documentées, mais la multiplication d’allégations de crimes de guerre de la part du régime de Vladimir Poutine ne doit pas surprendre.

Ses méthodes brutales sont bien connues. Depuis longtemps.

Déjà, en 1999, lors de la guerre en Tchétchénie, Vladimir Poutine avait promis que face aux « terroristes », il serait sans pitié. « Nous les abattrons partout où nous les trouverons. Même si nous les trouvons aux toilettes. Nous les buterons jusque dans les chiottes. »

L’espace nous manque pour faire ici la recension de toutes les histoires d’horreur attribuables à son régime, mais on notera à tout le moins que la Russie a aussi été accusée de nombreux crimes de guerre en Syrie, un autre conflit où la cruauté était la norme plutôt que l’exception.

Or, plus la guerre en Ukraine se prolonge et plus cette logique – tous les coups sont permis, au diable les règles de la guerre ! – semble prévaloir.

Une logique barbare contre laquelle l’impunité n’est pas une option.

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