« Le monde a changé depuis le 24 février », date de l’invasion russe, a déclaré lundi la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, de passage à Montréal. Elle a entièrement raison. Cela fera bientôt un mois que dure cette sale guerre et il importe de tirer certaines leçons de ce conflit, même s’il est loin d’être terminé. En voici quatre.

1. Les démocraties libérales sont assiégées

Le retour du nationalisme des grandes puissances, la contestation de la domination des démocraties et de l’ordre international libéral, la montée de l’autoritarisme et du populisme… Tout ça ne date pas d’hier. Mais ce n’est qu’aujourd’hui qu’on prend véritablement conscience de l’ampleur de la menace à laquelle font face les démocraties libérales du monde entier. À commencer par l’Ukraine.

« Les dernières semaines nous rappellent de manière plutôt brutale que la démocratie n’est pas garantie et qu’elle ne peut en aucun cas être tenue pour acquise », a affirmé Mélanie Joly. Elle a raison. Vladimir Poutine nous a rappelé à quel point il est périlleux de tolérer encore plus longtemps la régression démocratique en cours.

Ce qui se joue en Ukraine, c’est « la direction que va prendre l’histoire de l’humanité », a même soutenu le célèbre historien Yuval Noah Harari récemment. Pour lui, c’est « un moment de vérité pour déterminer si la période de prospérité et de paix que nous avons connue durant plusieurs décennies peut perdurer ».

2. La démocratie n’a pas dit son dernier mot

Vladimir Poutine avait-il fait le pari que les démocraties n’arriveraient pas à s’entendre pour répondre d’une seule voix à son agression ? Il s’est grandement trompé.

Même s’il est frustrant de ne pas répondre au feu par le feu, jusqu’ici, la stratégie des démocraties occidentales semble fonctionner. Au contraire de celle de Moscou.

Les visées impérialistes russes se heurtent à la résistance du peuple ukrainien et à l’unité affichée par les alliés de l’Ukraine qui, pour une fois, ne luttent pas en ordre dispersé.

Si le tyran russe persiste à vouloir annexer ce pays, cela va lui coûter très cher. Le réveil des démocraties se traduit aussi par un désir de se réarmer. Voir l’Allemagne décider de faire grimper ses dépenses militaires à plus de 2 % de son PIB nous montre à quel point le monde a changé. D’autres démocraties réalisent désormais que si elles veulent la paix, elles doivent préparer la guerre.

3. Le Canada trouve sa voix

Depuis trop longtemps, le Canada se cherche une voix, un rôle sur la scène internationale. Il est peut-être en train de la trouver.

« Le Canada a joué un rôle de chef de file en mettant un maximum de pression sur les Russes dans les forums multilatéraux », a expliqué la ministre Mélanie Joly. Le pays a notamment rapidement plaidé pour l’exclusion de la Russie du système bancaire SWIFT. Plusieurs banques russes, depuis, ont été touchées.

Rappelons que le Canada soutenait aussi l’Ukraine avant l’invasion. Il a formé des milliers de soldats ukrainiens sur le terrain depuis 2015. On se rend compte aujourd’hui de l’utilité d’une telle mission. Comme on réalise d’ailleurs l’importance de notre participation à l’opération REASSURANCE de l’OTAN en Europe centrale et en Europe de l’Est, qui cherche à dissuader Moscou de s’en prendre à des nations comme la Lettonie.

Un problème demeure, et il est sérieux : c’est que nous n’avons pas les moyens militaires de nos ambitions. On espère qu’on va commencer à y remédier dès le prochain budget fédéral.

4. Vladimir Poutine est un criminel de guerre

C’est le président américain Joe Biden qui a utilisé cette expression en premier et personne ne s’est avisé de la contester. La Cour pénale internationale a d’ailleurs donné le feu vert à une enquête sur de possibles crimes de guerre commis par le régime russe.

Les atrocités commises en Ukraine au quotidien sont odieuses. Mais elles ne devraient, hélas, pas nous surprendre. C’est la marque de commerce de Vladimir Poutine depuis longtemps. On l’a constaté récemment en Syrie, où une guerre barbare a été menée par le régime de Bachar al-Assad, main dans la main avec la Russie.

En revanche, l’invasion de l’Ukraine nous prouve aussi que l’armée russe n’est pas aussi puissante qu’on le pensait. Et ça, ce n’est certainement pas ce que Vladimir Poutine souhaitait que l’on retienne du premier mois de cette sale guerre.

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