Rarement nous sommes-nous sentis aussi impuissants.

Deux semaines après le début de la guerre en Ukraine, on nous rapporte chaque jour les atrocités commises dans ce pays victime du délire guerrier de Vladimir Poutine.

Voici que mercredi, un hôpital pour enfants a été bombardé dans le sud-est du pays. La barbarie ne connaît pas de limites.

On nous rapporte également, chaque jour ou presque, les souhaits du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il nous exhorte à en faire davantage pour aider son peuple.

Or, les puissances occidentales s’en tiennent essentiellement à des livraisons d’armes à l’Ukraine et à des sanctions prises contre la Russie. C’est louable. Tout comme la fermeté affichée face à Poutine depuis le début du conflit.

Mais plusieurs estiment que ce n’est pas suffisant.

PHOTO FOURNIE PAR L’OFFICE NATIONAL DU FILM DU CANADA, ARCHIVES LA PRESSE

Le premier ministre britannique Winston Churchill au départ de la gare Centrale d’Ottawa, le 29 décembre 1941

Permettez-nous de paraphraser Winston Churchill au sujet de cette stratégie : elle est actuellement la pire… à l’exception de toutes les autres.

Car ce n’est pas par lâcheté que les puissances occidentales n’interviennent pas militairement pour contrer l’offensive du régime russe.

Ce n’est pas non plus une preuve de faiblesse.

C’est qu’un tel remède, dans les circonstances, pourrait s’avérer pire que le mal. Il pourrait même mener à une troisième guerre mondiale.

C’est-à-dire mener à un conflit qui verrait les États-Unis, l’Europe, le Canada et leurs nombreux alliés affronter une puissance nucléaire, dirigée par un despote qui semble prêt à tout pour parvenir à ses fins.

De toute évidence, les conséquences d’une telle guerre pourraient être plus horribles encore que ce qui se passe en Ukraine.

C’est à la lumière de ce constat qu’on peut comprendre pourquoi on n’ose même pas mettre en place une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, comme le réclame le président Zelensky.

Pour la faire respecter, il faudrait forcément que les pays de l’OTAN se mettent à abattre des avions russes. Comment ne pas penser, alors, que Vladimir Poutine en profiterait pour étendre le conflit au reste de l’Europe ?

À la lumière de ce constat, on s’explique mieux, aussi, la valse-hésitation en cours cette semaine quant à la livraison d’avions de combat à l’Ukraine.

La Pologne était prête à expédier des Mig-29 à la base américaine de Ramstein, en Allemagne, mais Washington a rapidement refusé. Des avions de combat qui décolleraient de cette base pour aller s’en prendre aux forces russes, ce n’est pas « viable », selon le Pentagone.

Mais il reste qu’il faudra bien trouver un moyen d’empêcher l’Ukraine de perdre totalement le contrôle du ciel aux mains des forces russes. Il n’y a pas 36 solutions. Et offrir au régime ukrainien des avions de chasse en est une, tout comme l’aider à renforcer ses systèmes de défense antiaérienne.

Précisons que le refus d’affronter Moscou aujourd’hui ne signifie pas que, demain, cette position sera encore légitime.

Il est très possible que Vladimir Poutine, ivre de puissance, pousse son offensive au-delà des frontières de l’Ukraine. Qu’il traverse, avec l’arrogance qu’on lui connaît, la ligne rouge tracée par les membres de l’OTAN et les pays de l’Union européenne.

La nature du mal serait alors tout autre.

Et une intervention musclée des pays occidentaux pourrait être considérée comme un remède approprié.

Mais pour l’instant, la stratégie actuelle, celle soutenue par le Canada, est justifiée, même si elle est forcément très imparfaite.

« Nous sommes des humains et c’est votre devoir humanitaire de nous protéger », déclarait récemment le président ukrainien.

Cruel dilemme que le nôtre face à l’horreur de cette guerre.

Nous semblons manquer aujourd’hui d’humanité… dans l’espoir de sauver l’humanité.

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