Après 22 mois de pandémie, il ne faudrait pas que ça ait l’air d’une répétition générale mal préparée.

De la maternelle à l’université, de nombreux élèves et étudiants se préparent à la rentrée scolaire après le congé des Fêtes. Un retour qui se fera malheureusement en virtuel, ce qui n’est idéal ni pour les élèves, ni pour les profs, ni pour les parents.

Malheureusement, on ne peut pas dire que ça démarre très bien.

De nombreux parents dont les enfants fréquentent le centre de services scolaire de Montréal ont appris lundi midi que leur progéniture ne commençait pas l’école le lendemain comme prévu, mais seulement mercredi. Pour la prévisibilité, c’est raté.

Toujours lundi, les travailleurs essentiels ont dû attendre jusqu’à 8 h 30 pour savoir quels enfants auraient droit au service de garde. Les syndicats rapportent que des discussions parfois houleuses ont eu lieu entre parents et éducateurs sur le seuil de la porte.

C’est sans compter la controverse entourant les garderies. Alors que les règles se resserrent partout, Québec a étrangement allégé celles des milieux de garde, stipulant que les enfants et les éducatrices exposés à des cas n’avaient plus à se faire tester ni à s’isoler. L’affaire a fait bondir les experts… et a même amené la Santé publique de Montréal à suspendre les mesures de Québec sur son territoire !

Ces hics ne sont peut-être pas tous dramatiques, mais ils dénotent clairement une confusion. On se demande pourquoi, à l’approche d’une rentrée scolaire si particulière, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, n’a pas encore cru bon de s’adresser à la population pour envoyer un message clair et répondre aux nombreuses questions. Il aurait pu être accompagné du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe.

Les écoles et les garderies, après tout, comptaient pour la moitié de toutes les éclosions de la province avant les Fêtes. Et savoir ce qu’il advient de la vaccination en milieu scolaire, par exemple, est une question absolument cruciale pour la suite des choses…

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On verra au cours des prochains jours à quel point le réseau scolaire réussit son virage à distance. Mais gardons en tête qu’on évaluera sa performance sur des bases purement logistiques. En gros, on surveillera si les enfants auront tous un ordinateur ou une tablette pour suivre leurs cours.

Pour ce qui est de la qualité de l’enseignement donné, c’est plus compliqué.

On sait déjà que cette façon de faire l’école est loin d’être idéale. Le gouvernement Legault en est très conscient. Il a toujours affirmé que garder les écoles ouvertes était sa priorité et c’est à saluer.

L’école à distance influe sur la motivation, l’anxiété, la socialisation. Les enfants victimes de violence à la maison sont plus exposés à cette violence et moins facilement détectés.

D’un point de vue pédagogique, on apprend moins bien à distance qu’en classe. Mais la baisse n’est pas égale pour tous. L’enseignement virtuel creuse les écarts entre les élèves forts et les élèves faibles, et entre ceux des milieux socio-économiques favorisés et les autres.

À quel point ? Malheureusement, on l’ignore. Tant en juin 2020 qu’en juin 2021, les examens du Ministère ont été annulés. Ces épreuves uniformes auraient pourtant permis de mesurer la performance des élèves entre eux et avec celle des cohortes précédentes. Bref, elles auraient permis de documenter les effets néfastes de l’école à distance.

Le ministère de l’Éducation a pris cette décision pour « faire baisser la pression » sur les élèves. Mais on aurait pu les tenir quand même sans qu’elles comptent trop dans la note finale, et en l’expliquant aux élèves.

Aujourd’hui, sans diagnostic clair, bonne chance pour soigner les dégâts provoqués par l’école à distance. Au moment où l’on replonge dans l’enseignement virtuel pour une durée indéterminée, on aurait intérêt à s’assurer d’en évaluer les conséquences.

Tout en travaillant d’arrache-pied pour adapter nos classes à la présence du variant Omicron sans qu’elles se transforment automatiquement en foyers d’éclosion.

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