Autocratique. Flamboyant. Il était partout à la fois, se prononçait sur tous les enjeux. Travailleur acharné, il débarquait à l’hôtel de ville à l’aube et ne dormait que quelques heures par nuit. Battu après son premier mandat, il a pris la plume pour écrire un livre afin d’ouvrir la voie vers son retour comme maire de Montréal.

Ce livre s’intitule Jean Drapeau vous parle.

Comme quoi les résurrections politiques sont possibles. Après avoir gagné son match revanche contre Sarto Fournier, en 1960, le maire Drapeau a enfilé sept mandats consécutifs, un record inégalé.

Qu’en sera-t-il de Denis Coderre ? De concert avec la publication de son livre Retrouver Montréal, il a confirmé sa candidature à la mairie, dimanche soir, à Tout le monde en parle.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

« Veston décontracté, lunettes noires, 100 livres en moins : le Coderre nouveau est arrivé. Mais derrière ce nouveau costume, l’ancien shérif — comme il se décrivait lui-même — n’est pas bien loin », écrit notre éditorialiste.

Veston décontracté, lunettes noires, 100 livres en moins : le Coderre nouveau est arrivé. Mais derrière ce nouveau costume, l’ancien shérif — comme il se décrivait lui-même — n’est pas bien loin.

Celui qu’on accusait de mener un « one-man show » ne s’est pas illustré par son travail d’équipe en lançant sa campagne, seul à la télévision, plutôt que dans une conférence de presse, entouré des membres de son parti, Ensemble Montréal.

Mais Denis Coderre a appris à modérer ses ardeurs.

Grand amateur de baseball, il concède, par exemple, que le moment est mal choisi, en pleine pandémie, pour se lancer dans la construction d’un nouveau stade… sans pour autant fermer la porte au groupe d’investisseurs qui vient de réclamer l’aide financière de Québec pour ramener une équipe en garde partagée à Montréal.

En habile politicien, Denis Coderre patine.

Et il laisse au vestiaire l’arrogance qui l’empêchait de reconnaître ses torts à la fin de son mandat, notamment à propos de l’échec lamentable de la course de Formule E qu’il avait propulsée coûte que coûte.

Trop sûr de lui, le shérif n’avait pas vu Valérie Plante dans son angle mort lors des dernières élections. En ne se donnant même pas la peine de faire campagne, il a signé sa propre défaite.

Mais cette fois, il va se battre, n’en doutons pas. Et il va se battre contre une Valérie Plante qui, à son tour, connaît une fin de mandat pénible.

Elle avait promis d’être la mairesse de la mobilité. Or, les cônes orange ne sont pas disparus du paysage, tant s’en faut. Le centre-ville ressemble plutôt à une mine à ciel ouvert. À sa décharge, le déficit d’entretien de la ville, depuis des décennies, lui laissait peu de marge de manœuvre. Reste que la population en a ras le bol.

D’autre part, la mairesse Plante a perdu des alliés naturels dans les arrondissements. C’était sa base, sa force. Et voilà que plusieurs maires d’arrondissement lui ont tourné le dos, comme Sue Montgomery dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.

Même si ce morcellement ne risque pas de déboucher sur un nouveau parti politique qui aurait donné une véritable troisième option aux Montréalais, la création d’une série de partis politiques d’arrondissements risque de diviser le vote de Valérie Plante.

La mairesse est-elle toujours « l’homme de la situation », comme le disait le slogan de sa première campagne qui se moquait du côté « mononcle » de son rival ? Aujourd’hui, c’est Valérie Plante qui a le fardeau de la preuve.

Denis Coderre aura le beau jeu de la présenter comme une mairesse de quartiers qui ne se soucie guère du rôle de locomotive économique de Montréal. Comme une adepte des pistes cyclables qui va de l’avant malgré la frustration des commerçants.

Lui qui a obtenu le statut de métropole pour Montréal peut se positionner comme un maire qui redonnera à la ville son poids politique face à Québec et à Ottawa, mais aussi sur la scène internationale. Ce n’est pas un hasard si la maire de Paris, Anne Hidalgo, signe la préface de son livre.

Dans ce livre qui lui servira de plateforme électorale, Denis Coderre présente sa vision de la ville : densification urbaine, appui au REM de l’Est, etc. Il ne manque pas d’enjeux à Montréal. Souhaitons que la campagne ne soit pas qu’un concours de popularité.

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