Le Québec a désormais un demi-ministre de l’Environnement.

L’expression a été utilisée par Greenpeace Québec au cours des derniers jours et elle illustre bien la situation dans laquelle la CAQ vient de nous plonger.

La nomination de Benoit Charette comme ministre responsable de la lutte contre le racisme a surtout fait sourciller, jusqu’ici, parce qu’on s’est demandé s’il était « la meilleure personne pour faire reculer le racisme ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, est désormais responsable de la Lutte contre le racisme aussi.

Les avis sont partagés et on laissera, à ce sujet, la chance au coureur.

Ce qui est incontestable, par contre, c’est que l’environnement se retrouve, du coup, marginalisé au sein du gouvernement caquiste.

C’est décourageant.

Et ça confirme ce qu’on avait déjà compris, malgré certains efforts faits par la CAQ pour nous prouver le contraire : l’environnement et la lutte contre les changements climatiques ne figurent pas parmi ses priorités.

Avec cette décision, le parti perd de nouveau en légitimité sur ces questions.

Disons-le : on ne va certainement pas accélérer la lutte contre les changements climatiques avec un demi-ministre.

Et pourtant, non seulement il y a urgence, mais 2021 est une année charnière dans le monde à ce sujet.

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Le ministre Charette a mis la barre haut quant à la lutte contre le racisme. Il a promis des « avancées concrètes » pour chacune des 25 recommandations du groupe d’action contre le racisme d’ici la fin du premier mandat de la CAQ.

On ne s’en plaindra certainement pas. Mais pourquoi, alors, ne pas avoir trouvé un autre parlementaire pour occuper le poste de ministre de l’Environnement ?

Sans compter que Benoit Charette était déjà, aussi, ministre responsable de la région de Laval. La coupe est pleine !

Pensons-y un peu… aurait-on confié ce nouveau mandat au ministre de la Santé ?

Au ministre de la Justice ?

Au ministre des Transports ?

Certainement pas.

Aurait-on confié ce mandat à Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, ou à Nadine Girault, qui est à la fois ministre des Relations internationales et de l’Immigration ?

Non plus. Pourtant, ils étaient les coprésidents du Groupe d’action contre le racisme.

« Ce n’est pas comme s’ils n’avaient rien à faire », a répliqué François Legault lorsqu’on l’a questionné à ce sujet.

Mais le ministre de l’Environnement, lui ? Bof… Pourquoi pas !

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Le jour où on a annoncé l’attribution d’un nouveau mandat au ministre de l’Environnement, on a nommé la députée Lucie Lecours ministre déléguée à l’économie. « On va avoir un trio de ministres en économie », s’est vanté le premier ministre.

Ça non plus, on ne s’en plaindra pas.

Mais ça rend l’affaiblissement du poste de ministre de l’Environnement encore plus difficile à avaler.

Ça nous rappelle qu’il existait des solutions de rechange.

Ça nous rappelle aussi, notamment, que François Legault a demandé à Danielle McCann en juin dernier de prêter main-forte à Jean-François Roberge, en délestant ce dernier des responsabilités en matière d’Enseignement supérieur.

En environnement comme ailleurs, si vous voulez changer la donne, laisser votre marque, atteindre vos objectifs, il faut vous donner les moyens de vos ambitions. Pour y arriver, le choix des acteurs à l’intérieur même de votre gouvernement est fondamental.

Regardez ce qui s’est passé à Washington tout de suite après l’élection de Joe Biden. Le président démocrate a créé le poste de représentant spécial pour le climat et l’a offert à un politicien renommé, l’ancien secrétaire John Kerry.

En prime, il l’autorise à siéger au Conseil de sécurité nationale. Une première.

Au Québec, on estime maintenant que le mandat du ministre de l’Environnement peut, contrairement à presque tous les autres, être effectué à temps partiel.

Ça aussi, c’est une première.

S’il y a une leçon à tirer de cette histoire, c’est peut-être que le meilleur moyen de ne plus être déçu par la CAQ en matière d’environnement, c’est de revoir nos attentes à la baisse.

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