Valérie Plante a fait une campagne sans faute, mais sans grand coup d’éclat. Cela n’a pas empêché la mairesse de Montréal, loin dans les sondages au début de la campagne, de renverser la vapeur pour décrocher une victoire éclatante. Sans appel.

Tout un exploit ! Valérie Plante a eu bien raison de dire que l’élection de Projet Montréal, il y a quatre ans, n’était pas « un accident de parcours ». De toute évidence, les Montréalais qui ont eu quatre ans pour juger son travail n’ont pas détesté ce qu’ils ont vu.

Mais sa réussite, Valérie Plante la doit aussi à son adversaire Denis Coderre, qui a marqué dans son propre but à la fin du match. Ses cachotteries à propos de ses contrats passés l’ont coulé, exactement de la même manière que son manque de transparence entourant la Formule E lors des élections précédentes. Plus ça change, plus c’est pareil…

Et son succès, Valérie Plante le doit un petit peu à Balarama Holness, qui a divisé le vote de l’opposition en récoltant 7 % d’appuis, malgré une campagne sous le signe de l’improvisation et de la division.

Alors, même si elle ressort de ce scrutin encore plus forte, Valérie Plante doit quand même rester humble. Et elle doit surtout rester à l’écoute, car elle a une ville à réconcilier à l’issue d’une campagne particulièrement polarisante.

Valérie Plante devra rapprocher les arrondissements plus centraux qui ont voté en sa faveur de ceux plus éloignés qui ont davantage penché pour M. Coderre.

Elle devra aussi reconstruire des ponts entre les deux solitudes, alors que les tensions linguistiques refont surface avec la réforme de la loi 101 de la Coalition avenir Québec (CAQ).

La mairesse de Montréal aura aussi fort à faire pour combler le fossé qui éloigne de plus en plus la métropole, plus à gauche sur l’échiquier politique, du reste de la province, plus à droite.

Évidemment, c’est un jeu qui se joue à deux. On peut déplorer, ici, que le premier ministre François Legault n’ait pas dit un mot sur Montréal dans son discours inaugural, en octobre.

Mais du côté de la ville, il serait sage de nommer un responsable au bureau de la mairesse pour s’occuper directement des relations intergouvernementales. Les défis sont majeurs, à commencer par le REM de l’Est, propulsé par la CAQ, qui ne doit pas être un monstre de béton qui défigure la ville.

La mairesse devra aussi tendre la main de façon beaucoup plus convaincante à la communauté des affaires, avec qui elle n’a jamais eu d’atomes crochus. Au sortir de la pandémie, elle aura besoin des entreprises pour relancer l’économie et le centre-ville, tout en s’attaquant aux grands enjeux, comme le manque de logements.

Mais d’abord et avant tout, Valérie Plante devra être au diapason avec certains citoyens qui ont eu souvent l’impression de ne pas avoir leur mot à dire au cours du premier mandat de Projet Montréal.

Les changements aux règles de stationnement à Outremont, la transformation de la marina en parc riverain à Lachine et le développement du Réseau express vélo (REV) dans la rue de Bellechasse sont autant de projets qui ont soulevé la grogne dans les arrondissements.

À ce chapitre, on peut espérer que l’arrivée de l’ancienne dirigeante de l’Office de consultation publique de Montréal, Dominique Ollivier, à titre de présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, mettra de l’huile dans l’engrenage.

On le constate avec plaisir, Montréal sera dirigé par deux femmes. On se réjouit aussi de l’élection de plusieurs femmes à la mairie des grandes villes de la province, notamment Catherine Fournier, à Longueuil, et France Bélisle, à Gatineau. De nombreux jeunes ont aussi décroché la victoire, comme Stéphane Boyer, qui devient, à 33 ans, le plus jeune maire de l’histoire de Laval… et la nouvelle mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, qui n’a que 21 ans.

Chapeau à tous ! Ce vent de renouveau est rafraîchissant.

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