« L’avenir de Montréal concerne tous les Québécois. »

C’est sur ces mots que le journaliste Patrice Roy a ouvert le débat des candidats à la mairie de Montréal, lundi, sur les ondes de RDI.

C’est d’autant plus vrai que l’avenir de Montréal ne dépend pas seulement de Montréal : seuils d’immigration, nombre de policiers au SPVM, logement social, transports en commun, infrastructures… Plusieurs décisions concernant la métropole se prennent à Québec et à Ottawa.

Or, ce qu’on appelait le « réflexe Montréal » semble s’être beaucoup affaibli du côté de Québec.

La semaine dernière, lors de son discours inaugural, le premier ministre François Legault n’a pas prononcé une seule fois les mots « Montréal » ou « métropole ». On comprend : ce n’est pas à Montréal qu’on retrouve le plus grand nombre d’électeurs de la CAQ, mais elle demeure tout de même la métropole du Québec. On aurait pu s’attendre à ce que M. Legault glisse un mot ou deux sur son importance, surtout en cette sortie de pandémie.

Or, si certains de ses ministres sont très impliqués dans des dossiers qui touchent Montréal, le premier ministre montre une indifférence inquiétante à l’endroit de sa métropole.

Remarquez, le malentendu entre Montréal et le reste du Québec ne date pas d’hier. Le magazine L’actualité vient d’y consacrer tout un dossier dans lequel le professeur au Département des sciences historiques de l’Université Laval Martin Pâquet rappelle qu’à l’époque de Jeanne Mance et du sieur de Maisonneuve, les premiers Montréalais étaient perçus « comme des exaltés ».

Ce fossé d’incompréhension entre les régions et leur métropole n’a jamais cessé de se creuser. De l’extérieur, il semble qu’on regarde la métropole avec de plus en plus de méfiance et de ressentiment.

Or, Montréal a besoin que le Québec soit derrière elle pour avancer et se réaliser. La Ville a beau avoir obtenu son statut de métropole en 2017, ses pouvoirs demeurent limités. Il est donc primordial que le prochain maire ou la prochaine mairesse réussisse à créer des alliances avec les maires d’autres villes québécoises s’il ou elle veut convaincre Québec de jouer de son côté de la glace.

Comme l’a fait Denis Coderre, quand il était maire, en appuyant notamment le maire de Trois-Rivières dans le dossier de la pyrrhotite. Et comme l’a fait Valérie Plante en appuyant le projet du tramway de Québec pour pouvoir faire passer son projet de ligne rose.

Il faudrait également que le prochain locataire de l’hôtel de ville rechausse ses souliers de président de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Une voix métropolitaine forte dans certains contextes – la CMM représente 4 millions de personnes ! – peut devenir un levier déterminant pour faire avancer des dossiers qui bénéficieront à toute la région. Les aspirants maires de Laval et Longueuil, Stéphane Boyer et Catherine Fournier, l’ont compris. Ils ont annoncé la tenue d’un éventuel sommet panquébécois sur l’habitation s’ils étaient élus. Ce genre d’alliance ne doit pas se faire sans Montréal. La métropole devrait non seulement en faire partie, c’est elle qui devrait exercer un leadership en la matière.

Le prochain maire ou la prochaine mairesse devra également traverser les ponts qui entourent l’île pour en construire de nouveaux, avec l’ensemble des Québécois.

Il faut expliquer la réalité montréalaise. Et montrer de l’intérêt pour la réalité des autres villes et régions de la province. Dans son discours inaugural, François Legault a paraphrasé l’ancien président des États-Unis John F. Kennedy en lançant aux Québécois : « Ne demandez pas ce que le Québec peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour le Québec. »

La même demande peut être adressée à Montréal : que la métropole ne se contente pas de demander ce que la province peut faire pour elle. Que Montréal se demande aussi ce qu’elle peut faire pour le reste du Québec. Et ça commence par un vrai dialogue.

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