Ce n’est bien sûr pas officiel, car il est beaucoup trop tôt, mais on sent depuis quelques jours que c’est à la fois inéluctable et angoissant.

Donald Trump compte de nouveau briguer la présidence des États-Unis.

Pour la troisième fois.

Il ne va pas lâcher le morceau.

C’est normal, quand on y pense.

Le Trump Show est à la fois le comble du divertissement, une opération politique et un derby de démolition – de ses adversaires et de la nation américaine au grand complet.

Alors quoi de plus alléchant aux yeux de l’ancien président républicain qu’un match revanche contre Joe Biden.

Donald Trump a besoin d’un troisième acte pour poursuivre son spectacle et demeurer au centre de l’attention.

L’heure où il va se terrer à tout jamais à Mar-a-Lago, sa luxueuse résidence floridienne, n’est pas encore venue.

Toute résistance est futile

Expliquons un peu ce qui s’est passé pour que l’ancien président républicain s’inscrive d’un seul coup sur l’écran radar de ceux qui conjecturent déjà sur la prochaine course à la Maison-Blanche.

Samedi dernier, Donald Trump a été la vedette d’un grand rassemblement partisan en Iowa.

Or, une visite dans ce petit État du Midwest n’est jamais le fruit du hasard. C’est toujours éminemment stratégique.

C’est en Iowa que se déroule, tous les quatre ans, la première étape de la course au leadership de chacun des deux grands partis.

Lorsqu’un politicien s’y rend, on comprend qu’il rêve à la Maison-Blanche.

Mais ce n’est pas tout. Plusieurs ont aussi noté que le vieux sénateur Charles Grassley (dit Chuck) était sur place.

Sa présence au rassemblement était presque encore plus significative que celle de Donald Trump en Iowa.

Après l’élection présidentielle de l’an dernier, Chuck Grassley faisait partie des sénateurs qui ont osé dénoncer l’entêtement du président républicain, qui refusait de reconnaître sa défaite.

Âgé de 88 ans, il est l’un des rares sénateurs qui jugaient être assez populaires pour pouvoir défier ouvertement Donald Trump.

Et le voilà qui se retrouve sur scène avec lui, comme s’il était avec un vieux pote.

PHOTO RACHEL MUMMEY, REUTERS

Le sénateur républicain Chuck Grassley au côté de l'ex-président Donald Trump à un rassemblement partisan à Des Moines, en Iowa, le 9 octobre

C’est un signal fort. Un message envoyé à tous les républicains qui faisaient passer l’avenir de la démocratie américaine avant celui de Donald Trump.

Si Chuck Grassley accepte maintenant de cautionner le « grand mensonge » au sujet du scrutin de novembre dernier, ça veut dire que toute résistance est futile.

Le mot d’ordre désormais au sein du parti d’Abraham Lincoln : ravaler sa colère.

Chantage et menaces

C’est consternant.

Car l’ancien président, lui, n’a absolument pas changé.

Il demeure un politicien populiste et radical qui habite une réalité parallèle où s’entremêlent mensonges et théories du complot.

D’ailleurs, mercredi, vraisemblablement tonifié par le rassemblement en Iowa, Donald Trump a publié un communiqué où il tente de faire chanter les dirigeants de son parti.

Les républicains « ne voteront pas » aux élections de mi-mandat l’an prochain ni à celles de 2024 si on ne trouve pas un moyen de « résoudre la fraude de l’élection présidentielle de 2020 ».

En somme, Donald Trump continue de s’enfoncer dans ses mensonges comme un homme qui s’agite vigoureusement dans des sables mouvants.

Il est en train d’encourager ses partisans à rester à la maison lors des prochains scrutins !

Tant mieux ?

On ne peut plus se réjouir de telles divagations depuis l’insurrection du 6 janvier.

Donald Trump n’accepterait pas plus la défaite en 2024 qu’en 2020.

Il cherchera à revenir à la Maison-Blanche par tous les moyens.

Et si la tendance se maintient, les républicains serreront les rangs encore plus qu’auparavant.

On est peut-être déjà en train d’assister à un autre accident de train au ralenti.

La démocratie américaine pourrait de nouveau être mise à rude épreuve.

Si c’est le cas, on se souviendra de ce mois d’octobre 2021 comme du moment où le train a recommencé à dérailler.

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