On ne peut pas dire que les chefs des principaux partis fédéraux nous ont encouragés à aller voter depuis le début de cette campagne.

À l’exception de Justin Trudeau, qui l’a déclenchée, les autres candidats ont passé les dernières semaines à réitérer leur désaccord avec la tenue de ces élections.

Ils ne sont pas les seuls. Bien des citoyens reprochent au premier ministre son opportunisme politique. D’autres lui en veulent de dépenser plus de 600 millions dollars pour la tenue d’une campagne en pleine pandémie. Et c’est sans compter ceux et celles qui, élections après élections, critiquent notre système électoral parce qu’il ne réussit pas à exprimer le vote dans toutes ses nuances.

Bref on ne peut pas dire que l’enthousiasme à aller voter soit à son paroxysme.

Les candidats l’ont sans doute réalisé car ils multiplient leurs appels au vote depuis quelques jours.

D’Erin O’Toole à Yves-François Blanchet, en passant par Jagmeet Singh, présent dans un jeu vidéo et sur TikTok (il a même enregistré une vidéo avec la chanteuse Safia Nolin pour faire sortir le vote des jeunes), ces messieurs redoublent d’ardeur pour nous faire sortir de la maison aujourd’hui.

Nous les soutenons dans leurs efforts.

L’heure n’est pas au cynisme. Et il est faux de dire, comme le font certains, que les différents programmes de partis, c’est du pareil au même. Il existe suffisamment de différences entre les enjeux des plateformes pour réussir à exprimer ses valeurs et ses principes en votant.

L’information est disponible, les plateformes de tous les partis sont facilement accessibles, les nombreuses analyses aussi. Et saluons les efforts des candidats qui ont multiplié les entrevues et les débats afin d’informer les électeurs.

Autre aspect positif de ces élections : la diversité des candidats qui se présentent à travers le pays. On ne peut plus dire qu’elles sont uniquement l’affaire des élites. Quand on voit, par exemple, le nombre de candidats autochtones (77), on se dit que le Canada évolue dans le bon sens. La représentativité des partis n’est pas parfaite, mais elle reflète tout de même davantage le visage de la société canadienne.

Bref, même si nous ne prétendons pas que le vote est la seule et unique façon de participer à la vie politique et démocratique d’un pays, c’est un geste qui a son poids et son importance.

Cela dit, cette élection s’annonce particulière.

Élections Canada nous avertit : il faudra s’armer de patience pour voter aujourd’hui.

Oui, le vote par anticipation a fait un bond notable dans cette élection, une augmentation qu’on peut peut-être expliquer par le télétravail et la pandémie.

Le vote postal aussi est très populaire, il serait 20 fois plus important que la dernière fois. Il demeure une option pour les personnes à mobilité réduite, mais aussi pour ceux et celles qui veulent éviter les rapprochements en temps de pandémie. Espérons seulement que leur bulletin arrivera à temps. À ce sujet, Élections Canada encourage les électeurs qui reçoivent leur bulletin de vote postal trop tard à se présenter en personne à un bureau de vote pour le remettre en mains propres.

Mais la réalité c’est que la majorité des électeurs ira voter aujourd’hui, et qu’elle devra se monter patiente.

Avec les mesures sanitaires mises en place dans les bureaux de scrutin – désinfection des bureaux de vote, réduction du nombre de scrutateurs et distanciation physique –, ce sera plus long qu’à l’habitude. Sachant cela, on peut tenter, si c’est possible, d’éviter les heures de pointe le matin et en fin de journée. Ou s’équiper d’un bon livre, de mots croisés ou d’une balado pour passer le temps.

Après tout, si on a été capable de faire la file pour acheter une baguette ou une bouteille de vin au cours des 20 derniers mois, on devrait être capable de patienter pour aller voter.

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