Il y a de nombreuses raisons de se réjouir du passeport vaccinal, qui fait maintenant partie de nos vies depuis mercredi.

Il aidera les vaccinés à se sentir en sécurité dans les restos, les bars, les cinémas et les salles de spectacle.

Il agit comme une puissante mesure incitative à la vaccination.

Il représente un pas important dans notre désir d’apprendre à vivre avec un virus qui, c’est de plus en plus évident, sera sans doute avec nous pour longtemps.

Mais il y a un autre motif de saluer son implantation. C’est que ce passeport vient mettre une pression supplémentaire sur le gouvernement Legault pour gérer l’épidémie au mieux de ses capacités. Et ça, personne ne s’en plaindra.

Résumons. Ce que nous dit essentiellement le gouvernement avec le passeport vaccinal, c’est qu’il s’agit d’une façon d’empêcher de refermer les commerces non essentiels si ça chauffe trop et que la hausse des hospitalisations force à nouveau le délestage dans nos hôpitaux fragilisés.

Le gouvernement Legault vient donc se priver de certains boutons – fermeture de commerces et couvre-feu – sur lesquels il a appuyé lors des vagues précédentes.

Bien sûr, ce qui a été dit en août peut ne plus tenir en octobre. Il reste que, face à une éventuelle hausse du nombre d’hospitalisations, le gouvernement Legault perdrait certainement la face en interrompant de nouveau l’économie après avoir affirmé qu’il ne le ferait pas.

On peut donc penser que si le variant Delta jouait les trouble-fêtes cet automne, les autorités feraient tout ce qui est possible pour contrôler la pandémie autrement, en appuyant sur les boutons qu’elles contrôlent directement. Comme le traçage des contacts ou le déploiement de tests rapides à l’école et ailleurs.

Ce marché « passeport vaccinal contre promesse de ne pas fermer les commerces » est donc excellent pour les citoyens.

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Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, avait prévenu que les deux prochaines semaines pourraient être « rock’n’roll » au Québec.

Finalement, ce qu’on voit pour l’instant relève plus du rock doux que du gros son qui décoiffe. Plus Harmonium que Les Secrétaires Volantes, pour prendre des exemples québécois.

On a bien vu des files d’attente et de rares pépins pour lire les passeports. Certains commerces ont rapporté une baisse de clientèle, une poignée d’entre eux ont préféré fermer. On a entendu la grogne prévisible d’une minorité bruyante.

Mais rien pour mettre la province à l’envers.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

« On a bien vu des files d’attente et de rares pépins pour lire les passeports. […] Mais rien pour mettre la province à l’envers », écrit notre éditorialiste.

On ne veut rien minimiser. Les commerçants ont essuyé leur lot d’ennuis depuis un an et demi et voilà que leur fardeau s’alourdit encore, en pleine pénurie de main-d’œuvre de surcroît.

Il faut aussi que chaque individu vacciné (ou qui a des raisons légitimes de ne pas l’être) puisse accéder aux lieux publics sans encombre.

À cet égard, certains cas de figure sont troublants. On pense notamment aux Québécois qui prennent part à l’étude du vaccin québécois contre la COVID-19 de Medicago. Ces gens, qui avaient accepté de faire progresser la science, se sont retrouvés devant un flou qui a persisté beaucoup trop longtemps. Au point que certains d’entre eux, inquiets de voir les portes des restaurants et des cinémas se fermer devant eux, ont décidé de quitter l’étude pour recevoir le vaccin de Pfizer ou de Moderna.

Ce n’est que la veille de l’implantation du passeport (!) que le ministère de la Santé a annoncé que tous les participants de Medicago pourraient en bénéficier.

Ces problèmes circonscrits et ces inconvénients relativement mineurs ne doivent toutefois pas faire oublier l’essentiel : le vaccin et le passeport qui l’accompagne font miroiter la promesse d’affronter une quatrième vague sans se barricader chez soi.

Il s’agit d’un pas important.

Et contrairement à ce que soutiennent ceux qui s’y opposent à coups de manifs et de pétitions, c’est un pas qui nous mène vers la liberté.

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