Vous vous rappelez le 15 mars 2020 ? L’Organisation mondiale de la santé avait décrété depuis quatre jours la pandémie de COVID-19. Malgré les appels répétés de Québec et de Montréal qui s’impatientaient, le gouvernement Trudeau tardait à agir à la frontière.

Exaspérée, avec l’aval de la mairesse Valérie Plante, la Direction régionale de santé publique de Montréal avait déployé son propre monde à l’aéroport Trudeau pour demander aux voyageurs de se mettre en isolement pendant 14 jours. Dans les heures qui ont suivi, Ottawa annonçait enfin la fermeture de sa frontière et la quarantaine obligatoire pour les Canadiens qui rentraient au pays.

Un an et demi plus tard, on n’en est plus là. Ottawa n’a pas à se faire tordre le bras pour imposer des mesures sanitaires aux voyageurs. S’il y avait à l’origine une dizaine d’agents fédéraux de la Santé publique dans les aéroports au début de la pandémie, ils sont plus de 300 maintenant. De semaine en semaine, le gouvernement émet des directives sur le sort à réserver aux voyageurs vaccinés et non vaccinés.

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Cela dit, il y a encore matière à inquiétude. Plusieurs voyageurs qui ont passé la frontière à l’aéroport Trudeau au cours des 10 derniers jours — et que nous avons pu interviewer — ont noté que la confusion y règne trop souvent.

Principale doléance : un manque de directives claires de la part des agents de la douane, qui doivent en principe expliquer aux voyageurs s’ils doivent faire ou non une quarantaine ainsi que les règles à suivre pour les enfants de moins de 12 ans qui ne peuvent être vaccinés.

Deux Montréalais, à qui nous avons parlé et qui ont interrogé les douaniers sur ces questions, se sont fait dire de s’informer par eux-mêmes. Pas très rassurant.

D’autres voyageurs qui ont été choisis aléatoirement pour subir des tests de dépistage à l’arrivée ont remarqué le même flou artistique. On ne leur a pas conseillé de s’isoler en attendant les résultats qui sont pourtant arrivés deux jours plus tard. On ne leur a simplement donné aucune directive.

Et pourtant, il y a à peine une semaine, la Direction régionale de santé publique notait que le tiers des nouveaux cas de COVID-19 dans la métropole avaient été détectés parmi les voyageurs rentrant de l’étranger, dont plusieurs personnes pleinement vaccinées et qui n’ont pas à subir de quarantaine.

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Encore une fois, donc, Québec et Montréal appellent Ottawa à la vigilance. C’est tout à fait justifié, et même primordial alors que la quatrième vague, portée par le variant Delta, nous flatte le pied.

Le gouvernement Legault va jusqu’à demander à Ottawa de « reconsidérer » l’imposition d’une quarantaine de trois jours à l’hôtel pour les voyageurs. C’est aller trop loin. La mesure a été abandonnée après qu’un comité d’experts a tranché qu’elle n’était pas très utile sur le plan de la santé publique.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien à améliorer ! Ottawa doit s’assurer que ses directives, énoncées sur les sites web du gouvernement, sont clairement expliquées aux voyageurs par les agents fédéraux avec lesquels ils sont en contact lors de l’arrivée au pays.

Que ce soit dans les aéroports ou à la frontière terrestre. Ça semble très élémentaire, mais c’est essentiel.

Par ailleurs, les courriels automatiques envoyés par le gouvernement fédéral aux voyageurs qui se sont inscrits sur l’application ArriveCAN doivent aussi contenir les informations les plus récentes. Ce n’est pas toujours le cas en ce moment, de l’aveu même d’Ottawa, et ça ne fait que semer plus de confusion. Il faut que ça change.

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D’autant plus que le besoin de clarté deviendra criant le 7 septembre. À partir de ce jour-là, les voyageurs adéquatement vaccinés du monde entier pourront débarquer chez nous. Ils proviendront de pays multiples où les mesures sanitaires en place peuvent être totalement différentes des nôtres.

Le gouvernement fédéral n’a donc pas une seconde à perdre pour s’assurer que son message et ses règles sont bien conçus en plus d’être énoncés clairement et à profusion. Il en va de notre santé à tous.

S’il ne relève pas la barre, il risque de voir les agents de la Santé publique de Montréal se redéployer sur le terrain. Comme en mars 2020.

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