Le symbole est important. Le message, très fort.

Le gouvernement fédéral imposera la vaccination « obligatoire » contre la COVID-19 à l’ensemble de ses employés. Ça encouragera la vaccination et diminuera les risques de contagion dans la fonction publique fédérale. Mais on espère surtout que ça incitera les provinces à faire de même.

Au Québec, c’est la décision attendue du gouvernement Legault dans le dossier de la vaccination « obligatoire » qui aura le plus de conséquences pratiques. Québec gère les réseaux de la santé, des CHSLD, de l’enseignement au primaire et des garderies – quatre secteurs avec une clientèle vulnérable au virus (les enfants de moins de 12 ans ne peuvent pas être vaccinés pour l’instant). C’est là que la vaccination « obligatoire » offrirait le plus de bénéfices, pas au sein de la fonction publique fédérale.

Ottawa imposera aussi la vaccination « obligatoire » aux passagers et aux employés du transport aérien, ferroviaire et maritime, trois domaines de compétence fédérale. Mais seulement à la fin octobre. Aussi bien dire aux calendes grecques vu le taux de contagion du variant Delta.

Il faut aussi voir ce que Justin Trudeau (et, espérons-le, François Legault) entend par vaccination « obligatoire ». Aux États-Unis, des États comme New York et la Californie ont décrété la vaccination « obligatoire » pour leurs employés, notamment les profs en Californie. Ceux-ci peuvent soit se faire vacciner, soit se soumettre régulièrement à des test de dépistage (par exemple, un test par semaine). Personne ne perd son emploi s’il n’est pas vacciné.

Le gouvernement Trudeau s’est d’ailleurs fait avare de détails vendredi sur sa définition de la vaccination « obligatoire » pour les employés fédéraux. On n’a pas dit quelles seraient les conséquences d’un refus de se faire vacciner. Il faudra négocier le tout avec les syndicats, précise-t-on. Une prédiction : ce sera la formule « vaccin ou test régulier », comme aux États-Unis. C’est la meilleure formule, pour Ottawa comme pour les provinces. Québec l’utilise déjà depuis avril pour certains employés du réseau de la santé. L’objectif est de gérer les risques sanitaires, pas de faire perdre des emplois. De toute façon, avec la pénurie de main-d’œuvre en santé, en éducation et dans les garderies, ce serait contre-productif.

Aussi justifiée soit-elle dans le contexte actuel, la vaccination « obligatoire » ne réglera pas à elle seule tous les problèmes.

Tant que le taux général de vaccination ne sera pas dans les 90 %, il faudra s’habituer à respecter un ensemble de mesures sanitaires. Les personnes vaccinées devront aussi s’y faire, même si elles retrouveront davantage leur vie pré-COVID.

Le vaccin protège énormément contre les hospitalisations et les maladies graves. Mais il n’empêche pas complètement de transmettre le virus. En se basant sur une étude réalisée au Royaume-Uni, on pense que le vaccin pourrait réduire la transmission du virus jusqu’à 70 %. Bref, une personne vaccinée asymptomatique peut encore transmettre le virus. Avec le taux de contagion du variant Delta, c’est un détail très important.

LISEZ L'étude de l'Imperial College London (en anglais)

C’est pourquoi les personnes vaccinées, malgré tous leurs efforts, vont possiblement devoir continuer à porter un masque dans certaines situations où la distanciation physique est impossible.

Un exemple ? Dans les cours à l’université. Québec a choisi de ne pas imposer le port du masque dans les classes au cégep et à l’université, même si on ne peut pas y respecter la distanciation dans les amphithéâtres. Heureusement, plusieurs universités redoubleront de prudence à la rentrée : l’Université de Montréal, McGill et Concordia exigeront le masque en tout temps à l’intérieur, sur le campus. Un bel exemple de leadership.

Le port du masque n’est pas une mesure sanitaire aussi spectaculaire que la vaccination « obligatoire » des étudiants. Mais il est facile à appliquer pour les universités. Peu intrusif pour les étudiants. Et efficace sur le plan sanitaire.

LISEZ l'article de Nature « How do vaccinated people spread Delta? What the science says » (en anglais) Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion