Soccer, haltérophilie, aviron, natation, plongeon, judo, canoë-kayak de vitesse, cyclisme sur piste, softball… Les médailles remportées par les Canadiennes aux Jeux olympiques dans une foule de sports nous ont donné des palpitations et tiré des larmes de joie.

Comment ne pas être impressionné par la gardienne de but de l’équipe de soccer, Stephanie Labbé ? Tout sourire, elle a été souveraine face à l’incroyable pression des tirs de barrage qui ont donné une première médaille d’or au Canada dans cette discipline.

Comment ne pas se réjouir des exploits de l’équipe féminine à la piscine, dont Penny Oleksiak ressort avec le titre d’athlète du Canada avec le plus de médailles ?

Chapeau, mesdames !

Merci pour tous ces moments de grâce.

Vous êtes des championnes, des modèles pour les jeunes.

Il est dommage de ne pas voir briller votre talent plus souvent dans les médias, qui réservent moins de 5 % de leur couverture sportive à la gent féminine, pour se concentrer sur le sport professionnel où les femmes ont si peu de place, à part au tennis ou au golf, alors que leurs alter ego masculins gagnent des millions.

Mais soyons lucides. Il faudra plus que les exploits des Canadiennes aux Olympiques pour venir à bout de l’épidémie de sédentarité qui est en croissance chez les jeunes en général et chez les filles en particulier.

On voudrait croire que l’enthousiasme relié aux prouesses olympiques motive les jeunes à lacer leurs chaussures et à faire davantage de sports.

Mais il n’en est rien. Les Olympiques n’ont carrément pas d’impact sur la participation de masse aux sports. Même dans les villes hôtes, les Jeux sont une occasion manquée de promouvoir l’activité physique et d’améliorer la santé de la population, selon une étude menée par des chercheurs de l’Université de Sydney publiée dans la revue The Lancet, à la fin de juillet.

Concrètement, les Jeux olympiques sont plutôt une occasion pour les amateurs de sports de s’asseoir sur leur divan pour suivre leurs épreuves préférées à la télévision, ce qui est pour le moins ironique.

Si les performances des athlètes de haut niveau peuvent fouetter les ardeurs des adolescentes qui font déjà du sport d’élite, ces images d’un idéal inatteignable peuvent avoir l’effet inverse pour celles qui ont décroché du sport.

Et elles sont nombreuses.

À l’approche de la puberté, on voit que les filles abandonnent le sport et le déficit se creuse par rapport aux garçons jusqu’à la fin de l’adolescence.

Pourquoi ?

Les filles sont plus critiques face à leurs compétences sportives. Elles n’aiment pas être comparées devant tout le monde. Elles redoutent d’être la cible de taquineries de la part des garçons. Sans compter que les changements hormonaux leur posent toutes sortes d’inconforts quand vient le temps de faire du sport.

Au bout du compte, neuf filles sur dix n’atteignent pas la recommandation de faire 60 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée chaque jour, rapporte Fillactive, un organisme qui appuie les écoles pour amener les filles à être actives pour la vie.

Et la pandémie n’a fait qu’accentuer la sédentarité. Avec la fermeture des plateaux sportifs et des gyms, beaucoup de jeunes ont troqué le sport pour leur écran d’ordinateur, afin de respecter les mesures sanitaires, ce dont on peut les remercier.

Or, beaucoup risquent de ne jamais reprendre des habitudes de vie plus saines, ce qui aura de tristes conséquences sur leur santé physique et mentale. Il s’agit d’un grave enjeu de santé publique.

Il faut agir. Et vite.

Les familles doivent trouver une façon d’intégrer l’activité dans leur mode vie, par exemple, en optant pour les transports actifs comme le vélo ou la marche.

Les écoles aussi ont du chemin à faire pour faire bouger les filles qui sont moins attirées par l’aspect compétitif du sport, mais davantage par la vie sociale qui l’entoure.

Pourquoi ne pas offrir de la danse ou du plein air à celles qui n’ont pas le goût ou le talent pour être repêchées dans l’équipe de basketball ou de volleyball qui se rendra jusqu’en finale ?

Au-delà du sport d’élite, les écoles doivent déployer une brochette variée d’activités physiques accessibles au plus large public. Pas seulement à ceux et celles qui rêvent de podiums.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion