Le directeur général des Golden Knights de Vegas a profité des mesures spéciales accordées par les autorités de Santé publique pour entrer au Canada sans avoir à faire de quarantaine… alors qu’il était infecté par la COVID-19.

On ne connaît pas encore tous les détails de cette affaire, mais il y en a un qui n’est pas négligeable : il a été aperçu au Centre Bell sans masque.

L’évènement est anecdotique, mais il est utile pour comprendre l’ampleur des défis auxquels font face les autorités canadiennes avant d’accueillir à bras ouverts l’ensemble des voyageurs étrangers qui souhaitent nous visiter.

Y compris les Américains, qui n’ont pas tous à suivre les mêmes mesures sanitaires qu’ici et qui sont plus nombreux à lever le nez sur les vaccins.

Utile aussi pour comprendre, par conséquent, pourquoi le gouvernement fédéral ressemble à un bébé qui apprend à marcher ces jours-ci lorsqu’il s’agit d’alléger les mesures en place.

Il met un pied devant l’autre, sans se précipiter, tentant de conserver l’équilibre entre la liberté de circulation des personnes et la sécurité de ses citoyens.

Ils étaient cinq ministres lundi matin à répéter essentiellement le même message. « Nous allégerons progressivement les mesures à la frontière, en fonction de la diminution des risques », a résumé Dominic LeBlanc, qui détient le portefeuille des Affaires intergouvernementales.

En somme, le gouvernement fédéral continue à suivre de très près ce qui se passe au Canada, par-dessus tout le taux de vaccination, le nombre de cas de COVID-19 ainsi que la situation dans les hôpitaux.

Il doit aussi tenir compte de l’avis des différentes provinces, toutes n’ont pas le même seuil de tolérance au risque.

Enfin, il est impératif d’analyser la situation épidémiologique ailleurs dans le monde.

Car si on peut avoir l’impression au Québec que la crise est contrôlée – avec 90 cas et aucun décès lundi, quel soulagement ! –, nos résultats ne sont pas représentatifs de la situation qui prévaut partout ailleurs sur la planète.

C’est pourquoi on préfère un gouvernement qui cherche à prévenir, plutôt qu’avoir à guérir, plus tard, en cas de quatrième vague.

L’émergence du variant Delta pourrait encore nous jouer des tours dans l’état actuel des choses. Un grand nombre de Canadiens ne sont pas encore pleinement vaccinés et une deuxième dose est le moyen le plus sûr de résister à ce variant détecté pour la première fois en Inde (on a d’ailleurs annoncé le renouvellement de l’interdiction des vols directs en provenance de ce pays, ce qui est également un bon exemple de prudence, même si certains vont assurément le déplorer).

La nature des allègements annoncés, par ailleurs, ne laisse pas de doute quant à l’objectif d’Ottawa : continuer à pousser le plus grand nombre possible de Canadiens à obtenir une immunisation complète.

Car ce sont les voyageurs entièrement vaccinés qui pourront désormais entrer au pays sans faire de quarantaine, ni à l’hôtel ni à la maison, si leurs tests s’avèrent négatifs.

Certains se plaindront du fait que la quarantaine à l’hôtel n’ait pas été éliminée, mais il existe dorénavant un moyen sûr de s’y soustraire : se faire vacciner !

Ajoutons qu’Ottawa devrait rapidement veiller à arrimer ces allègements avec le fait qu’au Québec, on juge qu’une seule dose de vaccin est nécessaire pour ceux qui ont déjà été infectés par la COVID-19.

Outre cet imbroglio, qui devrait pouvoir se régler facilement, s’il y a une chose qu’on peut reprocher au gouvernement fédéral, c’est qu’il hésite encore à nous offrir un échéancier pour les allègements à venir.

Est-ce que nous pourrions envisager, par exemple, une réouverture de la frontière canado-américaine lorsque 75 % des Canadiens seront pleinement vaccinés, si aucun des variants en circulation ne représente une menace sérieuse pour nos systèmes hospitaliers ?

Personne ne veut brûler les étapes. Mais il serait important de savoir à quoi s’en tenir quant à la suite des choses.

Plusieurs, à commencer par le milieu des affaires et l’industrie du tourisme, s’impatientent et réclament « de toute urgence d’un plan global ».

Tout comme on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps, il serait possible – et souhaitable – pour Ottawa de faire preuve de prudence et d’offrir davantage de prévisibilité.

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