Avec le beau temps qui fait déborder les parcs, le gouvernement n’avait plus vraiment le choix de donner de l’air à la population qui a si bien répondu à l’appel à la vaccination au Québec.

Il est tentant de focaliser sur les bonnes nouvelles qui entreront en vigueur dès la fin de mai : ouverture des terrasses, rassemblements privés dans les cours, élimination du couvre-feu. Mais ça vaut la peine de porter votre regard un peu plus loin à l’horizon.

En pratique, c’est un retour à la vie normale que le gouvernement Legault nous annonce pour la rentrée. Preuve que la machine de vaccination baigne dans l’huile, le premier ministre devance ses cibles : il s’attend désormais à ce que 75 % de toutes les personnes 12 ans et plus aient reçu deux doses du vaccin d’ici la fin du mois d’août.

Cela nous mène près de l’eldorado de l’immunité collective.

Voilà une excellente nouvelle pour les centres-villes qui ont des allures de cités fantômes depuis 14 mois. Avec davantage de visibilité, les entreprises peuvent désormais réfléchir sérieusement à un plan de retour au bureau après la fête du Travail. Et de manière plus large, les villes peuvent plancher sur un plan de relance économique et culturelle.

Mais le devancement de la campagne de vaccination est tout aussi enthousiasmant pour les étudiants du cégep et de l’université qui vont à l’école dans leur chambre depuis le début de la pandémie.

Même si la rentrée n’est qu’en septembre, il était urgent d’agir. Pour redonner espoir aux jeunes qui sont tentés de prendre une année sabbatique face à la perspective d’une autre rentrée en virtuel. Et pour permettre aux établissements et aux professeurs de se préparer.

Jusqu’ici, les cégeps et les universités ne savaient pas trop sur quel pied danser. À la mi-avril, la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, avait laissé entendre que le retour à la vie normale ne serait que pour 2022.

Pour septembre, on prévoyait que les règles de distanciation permettraient d’accueillir jusqu’à 60 % des étudiants dans les salles de classe. Mais la rentrée de septembre s’annonçait inégale d’un établissement à l’autre, d’une faculté à l’autre.

Québec s’attend maintenant à ce que tous les jeunes puissent revenir en personne, y compris ceux qui ne seraient pas encore vaccinés. « Ça me fait terriblement plaisir », a lancé François Legault, lors du point de presse de mardi.

Nous aussi.

Il était temps que le premier ministre, qui a tout fait pour garder les écoles primaires et secondaires ouvertes, permette aussi aux jeunes du cégep et de l’université de retrouver une vie digne de ce nom.

Les études supérieures sont tellement plus qu’une enfilade de cours sur Zoom. C’est aussi un milieu de vie où les jeunes ont des échanges avec d’autres étudiants, où ils se bâtissent un précieux réseau d’amis qu’ils conserveront souvent tout au long de leur carrière.

Le confinement à cette période charnière de la vie est particulièrement lourd. La santé mentale des jeunes s’en est d’ailleurs ressentie. Démotivation, isolement et anxiété frappent une vaste majorité d’entre eux, selon un sondage du ministère de l’Enseignement supérieur.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que certains jeunes aient décidé d’abandonner leurs études, comme en témoignent les commentaires laissés sur Facebook à la suite d’un cri du cœur en faveur du retour en classe rédigé par l’humoriste Martin Matte le week-end dernier.

Ne reste plus qu’à espérer que les établissements suivent les nouvelles directives de Québec, même s’ils aiment défendre leur indépendance. Il serait irresponsable, dans les circonstances, de ne pas accueillir tous les étudiants dans leurs murs. Si toute la société reprend son cours normal – des restaurants aux bars en passant par les gyms et les grandes salles de spectacles –, il serait fort embarrassant que l’enseignement post secondaire ne suive pas la parade.

Il faut des professeurs en chair et en os. Des activités parascolaires qui permettent aux étudiants de se raccrocher à leurs études. De la vie, quoi !

Bien sûr, l’ombre d’un nouveau variant plane toujours. Mais les étudiants pourront toujours basculer en virtuel si jamais la COVID-19 n’a pas dit son dernier mot. L’important, c’est de planifier une véritable rentrée pour septembre, dès maintenant.

La pandémie a prouvé qu’il est plus facile de confiner que de déconfiner.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion