Dire que le sort de la planète se jouera en novembre prochain à Glasgow, en Écosse, peut paraître exagéré.

Ce n’est pourtant pas faux. La 26Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) suscite des attentes immenses, à la hauteur des défis que nous affrontons.

Six ans après la signature de l’Accord de Paris, le monde doit s’entendre sur les mécanismes qui nous mèneront à l’engagement commun : limiter la hausse des températures du globe à 2 °C, et idéalement à 1,5 °C.

PHOTO CLÉMENT SABOURIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

« La 26Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) suscite des attentes immenses, à la hauteur des défis que nous affrontons », écrit Philippe Mercure.

Pour ça, on le sait, le temps joue contre nous.

Or, des voix s’élèvent pour que cet évènement soit reporté. Encore. Prévue à l’origine en 2020, la COP26 a déjà été repoussée d’un an à cause de la pandémie. Devant le contexte sanitaire toujours difficile, certains réclament un autre délai.

Il vaut mieux « retarder que gâcher » cette conférence, a affirmé Yvo de Boer, ancien secrétaire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

La Suédoise Greta Thunberg a déjà fait savoir qu’elle ne se rendra pas à Glasgow. La jeune femme de 18 ans craint que la vaccination inégale sur la planète n’empêche les pays en développement de pleinement participer à l’exercice.

Cette absence serait un coup dur. N’en déplaise à ses détracteurs, Mme Thunberg a mobilisé plus de gens pour le climat que n’importe qui sur le globe au cours des dernières années. Sa présence à Glasgow aurait galvanisé les esprits, attiré l’attention et mis de la pression sur les décideurs.

Mais si on comprend les arguments pour un report, on ne doit pas y céder. Repousser à nouveau la COP26 enverrait le signal que la COVID-19 peut vraiment tout emporter sur son passage, même les choses les plus importantes.

Cette conférence doit avoir lieu, d’une façon ou d’une autre.

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Réglons d’abord une chose : la COP26 ne peut pas être entièrement virtuelle. Les habitués de ces conférences sont unanimes : les jeux de coulisse et les discussions de corridor sont essentiels aux négociations.

« La chose la plus importante pour nous, la ligne rouge, est que la COP26 se fasse en personne », a déclaré Aubrey Webson, à la tête d’une alliance de 39 pays particulièrement vulnérables aux changements climatiques.

Autre aspect essentiel : une certaine présence des ONG, de la société civile et des journalistes. Ces gens amènent des enjeux sur la table et influencent les négociations. On ne veut pas d’une conférence à huis clos entre politiciens.

Ces deux conditions entrainent évidemment des défis. Mais on a aussi des outils pour les relever – les vaccins, les tests rapides, la quarantaine. Et on apprendra sûrement des Jeux olympiques de Tokyo.

En contexte normal, on attendrait 30 000 personnes en provenance de 200 pays à Glasgow. On ignore l’allure que prendra la pandémie en novembre, mais il faudra sans doute se résoudre à accueillir moins de gens et à organiser certains volets en virtuel. Dans les choix qui seront faits, il faudra viser la diversité, tant pour le type d’intervenants que pour leur pays d’origine.

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S’il faut absolument éviter un autre report, c’est aussi pour profiter d’une rare conjoncture favorable. De nombreux pays adoptent actuellement des plans de relance verte pouvant soutenir des réductions de GES.

Et l’élection de Joe Biden change la donne. Cette semaine, le président américain organisera un sommet climatique (virtuel) avec des leaders de 40 pays, dont Justin Trudeau, Vladimir Poutine et Xi Jinping. On s’attend à ce que M. Biden annonce une nouvelle cible ambitieuse pour les États-Unis et que ses hôtes en fassent autant. Le Canada confirme d’ailleurs qu’un « objectif amélioré » pour 2030 sera annoncé cette semaine.

Cet élan ne doit pas être brisé.

Le monde a cruellement besoin de se parler d’urgence climatique dans le blanc des yeux l’automne prochain. Plus que jamais, le succès de cette conférence exigera de nouvelles façons de faire, de la collaboration entre pays et un souci pour l’équité.

Ça tombe bien : on a justement besoin de s’exercer dans ces domaines.

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