Confine. Déconfine. Reconfine. Au lieu de jouer au yoyo avec les mesures sanitaires – et le moral de la population –, il serait temps de réfléchir sérieusement à la mise en place d’un passeport vaccinal.

Oui, cette solution est controversée, mais elle pourrait préparer une voie moins chaotique vers un retour sécuritaire à la vie normale. Vous souvenez-vous de cette époque pas si lointaine où l’on pouvait sauter dans l’avion pour l’étranger ou déguster un bon repas au restaurant ?

Il est vrai que le passeport vaccinal soulève encore bien des questions sur le plan médical. Jusqu’à quel point le vaccin nous protège-t-il contre la COVID-19 et les variants ? Pour combien de temps ? Peut-on transmettre la maladie même si on est vacciné ?

PHOTO CHRIS DELMAS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

À New York, la toute nouvelle Excelsior Pass permet à ceux qui sont vaccinés et qui disposent d’un code sur leur téléphone cellulaire d’assister à des évènements.

On ne voudrait certainement pas que la délivrance d’un passeport vaccinal crée un faux sentiment de sécurité qui mène les gens à laisser tomber le masque et la distanciation physique. Pas du tout.

Mais au fur et à mesure que les études démontrent l’efficacité des vaccins, plusieurs pays où la vaccination est plus avancée commencent à utiliser le passeport comme un levier pour redémarrer plus rapidement leur économie et – par la même occasion – pour encourager les gens à se faire vacciner de manière à atteindre le Saint-Graal de l’immunité collective.

Prenez à New York : la toute nouvelle Excelsior Pass a déjà permis à ceux qui disposent d’un code sur leur téléphone cellulaire d’assister à des matchs des Yankees. Au Royaume-Uni, on pourra voir des parties de soccer ou sortir en boîte de nuit dans le cadre d’un projet pilote de passeport vaccinal qui débutera à la mi-avril. En Israël, les détenteurs d’une carte verte peuvent fréquenter les gyms, les théâtres, les hôtels…

Rien de tel chez nous.

Après avoir relevé leurs manches et obtenu leur vaccin, les Québécois ressortent avec un banal bout de papier sans aucun tampon officiel qu’ils doivent brocher dans leur carnet de vaccin… pour ceux qui l’ont encore.

Il est temps de passer à l’ère numérique et d’amorcer une réflexion concertée sur le passeport vaccinal, à l’égard duquel Ottawa et Québec restent plutôt tièdes.

Mais la population, elle, a soif de liberté. À preuve, plus de 1200 lecteurs ont répondu à notre appel à tous à propos du passeport vaccinal, cette semaine. Du jamais vu. L’écrasante majorité d’entre eux était pour, certains même « à 200 % ».

Il faut dire que le passeport vaccinal n’est pas si révolutionnaire. Dès 1897, on l’utilisait contre la peste. Encore aujourd’hui, les voyageurs qui se rendent dans certains pays doivent prouver qu’ils sont vaccinés contre la fièvre jaune.

Alors pourquoi pas contre la COVID-19 ? Cela pourrait faciliter l’ouverture des frontières et le redécollage de l’industrie touristique.

L’Union européenne planche déjà sur un projet de passeport sanitaire à l’intérieur des 27 pays membres. Et l’Organisation mondiale de la santé élabore des normes internationales, ce qui est souhaitable si on ne veut pas se retrouver avec une courtepointe de mesures.

Au-delà du transport aérien, les gouvernements devraient aussi baliser l’utilisation du certificat vaccinal plutôt que laisser les entreprises privées lancer leur propre initiative, comme on le voit déjà.

À ceux qui s’inquiètent des enjeux de vie privée et de discrimination, le Comité d’éthique de l’Institut national de santé publique du Québec répond que les bienfaits collectifs d’un passeport vaccinal surpassent les inconvénients individuels.

Bien sûr, un passeport vaccinal créerait deux catégories de citoyens, ce qui est triste pour ceux qui ne peuvent pas être vaccinés, notamment pour des raisons de santé ou à cause de leur âge (les personnes de 16 ans et moins n’ont pas accès au vaccin).

Mais même si vous êtes dans une telle situation, vous auriez quand même avantage à ce que ceux qui sont vaccinés puissent recommencer à fréquenter des lieux qui vous resteraient interdits. Cela permettrait de relancer plus vite les secteurs les plus malmenés par la pandémie. De redonner du boulot à des gens qui reçoivent de l’aide de l’État que vous payez par l’entremise de vos impôts. De limiter les faillites et de faire en sorte que tous ces commerces existent encore quand vous-même pourrez y retourner.

Mais si on veut concevoir un passeport vaccinal, il faut le faire sans tarder. C’est maintenant que ce serait utile, pas lorsqu’on aura atteint l’immunité collective.

Quoique avec les variants, il est possible qu’on ait à se faire vacciner à plusieurs reprises…

Pour accélérer le processus, certains experts recommandent d’importer la solution mise en place par l’Estonie, pays modèle en matière d’identité numérique à l’échelle mondiale. Certains de ses voisins ont déjà adopté son passeport.

Voilà qui éviterait les dérives, surtout que le Québec n’est pas reconnu pour la mise en place rapide et efficace d’outils numériques dans le domaine de la santé !

Pour que le jeu en vaille la chandelle, il faut que la création d’un passeport coûte moins cher que les bénéfices économiques qu’on peut en tirer.

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