À 13 h aujourd’hui, en ce 11 mars, le Québec s’arrêtera une minute pour rendre hommage aux 10 503 personnes que la COVID-19 a dérobées à la province en un an.

Pendant ces 60 petites secondes lourdes de sens, on pensera aussi aux proches des disparus et à tous les travailleurs de la première ligne – médecins, infirmières, préposés aux bénéficiaires et autres travailleurs essentiels – qui ont tenu la province à bout de bras depuis que l’Organisation mondiale de la santé a décrété la pandémie à la même date en 2020. On les remercie profusément.

Aujourd’hui, on devrait aussi avoir une pensée empathique pour nos dirigeants – à Québec, à Ottawa et dans les directions de santé publique – qui sont aussi au front depuis un an et qui ont dû faire des choix déchirants encore et encore. Ils portent sur leurs épaules d’hommes et de femmes des succès, mais aussi des regrets. Ils ont tous perdu beaucoup de nuits de sommeil au cours des 12 derniers mois.

Aujourd’hui, nous avons l’occasion de soutenir dans leur deuil exacerbé tous ceux qui n’ont pas pu dire au revoir correctement à leurs proches, morts ici ou ailleurs à cause du coronavirus, d’une maladie ou d’une autre cause.

Des centaines n’ont jamais vu la dépouille de l’être aimé. Des centaines d’autres ont pu le voir dans un sac en plastique derrière une vitre. Des milliers de funérailles ont été remises aux calendes post-pandémiques. Les impacts de ce deuil escamoté sur ceux qui restent sont souvent dévastateurs. Traumatiques.

Aujourd’hui, donc, nous devons pleurer avec eux.

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Oui, aujourd’hui, nous avons le devoir de prendre la mesure de ce que nous venons de vivre collectivement et dont nous ne voyons pas encore la fin. Le devoir de regarder derrière, mais aussi l’obligation de penser à demain. Et à après-après-demain.

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« Aujourd’hui, nous avons le devoir de prendre la mesure de ce que nous venons de vivre collectivement et dont nous ne voyons pas encore la fin », écrit notre éditorialiste.

Car tous ces gens qui ont été amputés d’une quelconque façon par cette pandémie – qu’ils aient perdu un conjoint, un parent, un ami proche ou encore qu’ils aient vu leur santé physique ou mentale mise à l’épreuve –, oui, tous ces gens ont besoin de leur entourage.

Pour veiller sur eux, pour briser leur solitude, pour leur remonter le moral, pour leur donner, en bon québécois, un break.

Nous devons nous transformer en armée de lumière. En guerriers Jedi de la bienveillance. Pour les jours, pour les semaines, pour les mois à venir. Nous devons aller au-devant des besoins. Comme cet homme qui, cet hiver, a déneigé des dizaines de véhicules de travailleurs de la santé après une tempête. Comme ces restaurateurs qui sont allés porter des repas aussi à des travailleurs de la santé. Et comme tous ces bons Samaritains qui préparent de petits plats pour les malades et les endeuillés.

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Bien sûr, l’État aura un rôle gigantesque à jouer dans la grande guérison. Le système de santé et de services sociaux en aura plein les bras. Les programmes de relance économique seront cruciaux. Les bilans pour déterminer là où les autorités l’ont échappé devront avoir lieu.

Mais si on veut « rebâtir mieux », comme le veut la formule consacrée, on devra aller bien au-delà des ressources de l’État-providence. On devra tous se relever les manches, remplir les fossés creusés entre nous par la pandémie, faire preuve d’une grande vigilance citoyenne pour ne laisser personne dans la marge, mais aussi d’une grande créativité. Pour remettre l’économie et la culture sur les rails, pour reprendre le fil de nos vies.

Ça tombe bien, le printemps se pointe le nez et il s’annonce doux. Que cette douceur définisse nos liens les uns aux autres, que cette chaleur retrouvée nous porte.

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