Et de trois ! Après les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna, Québec a annoncé lundi que celui d’AstraZeneca sera administré aux Québécois aussitôt que les doses arriveront ici. On en attend 113 000 dans quelques jours à peine.

Il s’agit d’une excellente nouvelle. Et il faut absolument s’enlever de la tête que ce nouveau vaccin est une Lada par rapport aux BMW que seraient les vaccins de Pfizer et de Moderna.

Cette perception, malheureusement répandue, est fausse. Les données les plus récentes montrent que le vaccin d’AstraZeneca est au moins aussi efficace que les deux autres pour prévenir les hospitalisations et les décès. Et il comporte d’immenses avantages logistiques, notamment parce qu’il n’a pas à être congelé.

Avec son arrivée, le Québec dispose maintenant d’un véritable arsenal de vaccination. Le vaccin de Pfizer, complexe à déplacer, peut servir aux opérations de masse comme au Stade olympique. Celui de Moderna, un peu plus mobile, peut être déployé en pharmacie.

Et celui d’AstraZeneca pourra rejoindre les plus vulnérables directement à domicile.

La population peut et doit avoir confiance dans cette nouvelle arme contre le virus, qui sauvera des vies et nous rapproche encore davantage de notre vie d’avant. Vous vous souvenez, celle dans laquelle les grands-parents pouvaient chatouiller leurs petits-enfants et où l’on pouvait aller acheter du lait à 20 h 05 sans se faire arrêter par la police ?

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Nicholas Brousseau, membre du Comité sur l’immunisation du Québec, convient que le vaccin d’AstraZeneca est le « mal-aimé » des vaccins contre la COVID-19. Il faut dire que l’étude de phase III visant à mesurer son efficacité, publiée en janvier dernier, était particulièrement difficile à interpréter.

PHOTO TIZIANA FABI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le vaccin d’AstraZeneca

D’abord, une part importante des participants avaient reçu des demi-doses du vaccin par erreur, ce qui a compliqué l’analyse. Ensuite, AstraZeneca a tardé à inclure des gens âgés dans son étude, ce qui fait qu’on a longtemps douté de son efficacité sur ceux qu’il est le plus crucial de protéger.

On a conclu que le vaccin n’était efficace qu’à 63 % pour éviter tout symptôme de la COVID-19. Mais des données se sont ajoutées depuis, et elles sont vraiment encourageantes. En Angleterre et en Écosse, le vaccin d’AstraZeneca a été administré massivement, y compris à des gens âgés.

Parce que la confiance dans un vaccin dépend de son efficacité, et que cette confiance est cruciale pour que la campagne de vaccination soit réussie, il vaut la peine de s’attarder à ces résultats.

En Écosse, pas moins de 490 000 personnes ont reçu une dose du vaccin d’AstraZeneca. Il a entraîné une baisse des hospitalisations de 94 %, contre 85 % pour le vaccin de Pfizer. Les gens âgés ? Ils étaient aussi bien protégés que les autres. Une Lada, ce vaccin ? Plutôt une Ferrari. Rappelons que ce sont les hospitalisations que l’on veut éviter, pas les symptômes légers.

C’est fort de ces résultats que le Comité sur l’immunisation du Québec vient de recommander le vaccin pour les adultes québécois, y compris les aînés. La France, l’Allemagne et l’Italie viennent aussi de faire sauter la limite d’âge qu’ils avaient fixée pour son utilisation.

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Au Québec, 113 000 doses de ce vaccin sont attendues dans les prochains jours.

Saluons au passage la réactivité de l’Institut national de santé publique du Québec et du ministère de la Santé du Québec. On a souvent critiqué le fait que les analyses s’étiraient, faisant fi du contexte d’urgence. Cette fois, on a réagi à temps. Les doses seront acheminées par le fédéral cette semaine et le Québec a une stratégie pour les déployer. C’est rafraîchissant. Il faut dire qu’il y avait urgence : les doses expirent le 2 avril et il aurait été impardonnable de les gaspiller.

Les sacrifices que nous faisons pour contenir le virus sont loin d’être terminés. Mais ils sont plus faciles à accepter quand on voit les renforts arriver. Un excellent vaccin – un autre – sera bientôt injecté aux Québécois. Un quatrième, celui de Johnson & Johnson, s’en vient.

On a le droit de penser que le vent est en train de tourner.

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