Vous vous demandiez, depuis l’insurrection du 6 janvier dernier, si le Parti républicain chez nos voisins du Sud était toujours celui de Donald Trump ?

La réponse, à l’issue de son deuxième procès en destitution, est claire comme le jour.

Pensons-y : seuls sept sénateurs républicains (sur 50) ont osé le défier en se prononçant pour sa condamnation. Même si des preuves accablantes de sa responsabilité dans les violences au Capitole ont été présentées au cours de la dernière semaine.

Il faut ajouter à ça le fait que seuls dix membres républicains de la Chambre des représentants (sur 211) avaient approuvé la mise en accusation de l’ancien président à la mi-janvier.

Et que dire de la réaction du principal intéressé…

« Dans les mois qui viennent, j’aurai beaucoup de choses à partager avec vous et suis impatient de continuer notre incroyable aventure pour la grandeur de l’Amérique », s’est-il empressé de souligner après le verdict.

À voir où cette « incroyable aventure » a mené les États-Unis (et le monde) jusqu’ici, il est permis de craindre le pire quant à cette annonce typiquement trumpienne.

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Quel paradoxe, tout de même…

Donald Trump est une épine dans le pied des républicains, mais ils refusent de la retirer.

Même si c’est douloureux.

Même s’ils savent que plus ils tardent, plus ça risque de leur faire mal longtemps.

Le pire, c’est que les républicains se seraient non seulement mis du bon côté de l’histoire s’ils avaient reconnu Donald Trump coupable, mais ils auraient aussi fait d’une pierre deux coups. Ils auraient pu empêcher l’ancien président de se représenter en 2024.

PHOTO CAROLYN KASTER, ARCHIVES AP

Seuls sept sénateurs républicains (sur 50) ont osé défier Donald Trump en se prononçant pour sa condamnation. Même si des preuves accablantes de sa responsabilité dans les violences au Capitole ont été présentées au cours de la dernière semaine.

Mais il est trop tard, maintenant.

La messe est dite.

Les républicains ont choisi leur camp.

Donald Trump n’est plus leur président, mais il demeure leur gourou.

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Donald Trump est affaibli, bien sûr.

C’est ce qui explique qu’on retrouve désormais, parmi les rares ténors républicains qui osent le renier publiquement, quelques nouveaux visages.

Comme l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley, qui a reproché récemment à Donald Trump d’avoir laissé tomber son parti.

« Il a pris un chemin qu’il n’aurait pas dû prendre, et nous n’aurions pas dû le suivre et nous n’aurions pas dû l’écouter », a déclaré cette ancienne ambassadrice à l’ONU, qui n’aurait jamais tenu de tels propos il y a six mois.

Donald Trump pourrait donc avoir des rivaux plus sérieux qu’en 2020 s’il se représente dans quatre ans (on voudra aussi suivre Liz Cheney, fille de l’ancien vice-président Dick Cheney).

En dehors de la sphère politique, sa vie ne sera pas non plus un long fleuve tranquille.

Il ne bénéficie plus de l’immunité que lui accordait la présidence. Et il est la cible de plusieurs poursuites.

Il a notamment été cité lors d’une enquête criminelle qui vient d’être ouverte par une procureure de la Géorgie sur des tentatives d’influencer l’élection de novembre. Il avait fait pression sur les autorités de cet État pour que le résultat du scrutin soit renversé.

Mais sa popularité chutera-t-elle davantage ?

Les divers sondages effectués avant le procès en destitution ont montré que les Américains demeurent profondément divisés à son sujet. À peine plus de 50 % d’entre eux estimaient que l’ancien président devait être reconnu coupable par le Sénat.

Vous direz que c’est un peu normal, à voir comment les membres de son parti serrent les rangs derrière lui (et comment l’écosystème médiatique conservateur continue généralement de le défendre bec et ongles). Vous aurez raison.

Après chaque bourde, chaque scandale et chaque dérapage, Donald Trump persistera à dire, pour s’en sortir, qu’il est la victime d’une chasse aux sorcières. Et tant que les politiciens républicains se contenteront de lui donner raison en courbant l’échine, il conserva son emprise sur le parti.

Ce faisant il demeurera, comme l’a écrit récemment l’ancien rédacteur de discours de George W. Bush, Michael Gerson, « la plus importante menace à la santé de la démocratie américaine ».

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