Si vous pensiez que le rendement scolaire allait être catastrophique en raison de la COVID-19, vous jugerez rassurants les résultats de l’enquête menée par le ministère de l’Éducation à l’issue du premier bulletin.

C’est profondément humain : nos critères d’évaluation se basent sur les attentes que nous avons à l’égard d’un phénomène particulier. Si vous pensez que le Canadien ne fera pas les séries, vous jugerez rassurant de le voir se rendre en première ronde, même s’il essuie ensuite un échec cuisant.

Tout ça pour dire que si vous souhaitez que la COVID-19 n’affecte pas le moins du monde la réussite de nos enfants, les chiffres dévoilés par Québec ne sont pas si rassurants, tout compte fait.

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Si la légère hausse du taux d’échec en mathématiques et en français au secondaire devait se traduire par une augmentation du nombre d’échecs à la fin de l’année, ce serait une très mauvaise nouvelle.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

« Si la légère hausse du taux d’échec en mathématiques et en français au secondaire devait se traduire par une augmentation du nombre d’échecs à la fin de l’année, ce serait une très mauvaise nouvelle », écrit Alexandre Sirois.

Le Québec, on le sait, n’est pas un modèle en matière de réussite au secondaire. On ne veut surtout pas voir la situation se détériorer encore plus.

Notons aussi que les données ne donnent pas un portrait qu’on peut fidèlement comparer à celui de l’an dernier. Même le ministre Jean-François Roberge l’a admis.

Car les résultats du bulletin de janvier reposent sur des apprentissages « élagués ». On a évalué ce qui a été enseigné depuis le début de l’année scolaire, mais ça ne correspond pas nécessairement à ce qui est enseigné habituellement.

Ce que ça prendrait pour nous rassurer, c’est qu’on puisse avoir la certitude que les jeunes qui sont en situation d’échec seront pris en main et accompagnés jusqu’à la fin de l’année et au-delà.

Oh, Québec a annoncé que ce sera fait, oui !

Mais entre ce que le ministère de l’Éducation dit souhaiter et ce qui est vraiment fait sur le terrain, il y a parfois un désespérant décalage.

Prenez par exemple ce désir de libérer les orthopédagogues, orthophonistes et autres professionnels de certaines tâches administratives qui les empêchent de fournir des centaines de milliers d’heures de services aux jeunes…

Le ministre avait annoncé cette initiative en août dernier dans le cadre d’une série de mesures visant à permettre le rattrapage des acquis perdus à cause de l’impact de la pandémie sur le réseau scolaire.

Or, en décembre dernier, un sondage mené auprès des divers professionnels a indiqué que plus de 70 % d’entre eux estimaient que leurs tâches administratives n’avaient pas été allégées ! La machine semble donc avoir mis le pied sur le frein, même si le ministre lui demandait d’appuyer sur l’accélérateur.

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Prenez aussi le tutorat, autre mesure phare pour aider les élèves qui connaissent des difficultés. Premièrement, on en a fait l’annonce étonnamment tard : au début du mois de janvier, alors qu’on aurait eu tout avantage à déployer ce programme l’automne dernier.

Deuxièmement, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Certains enseignants, nous dit-on, ont été surpris d’apprendre qu’ils devaient donner un coup de pouce aux tuteurs. Ils n’avaient pas été prévenus. Tout ne semble donc pas encore assez bien ficelé.

Prenez, enfin, les camps pédagogiques. La mesure avait été annoncée à la toute dernière minute l’an dernier. C’était compréhensible étant donné l’urgence de la situation, mais ça avait néanmoins soulevé la controverse.

Ne devrait-on pas en tirer des leçons ? Ne serait-il pas temps, dès maintenant, de préparer le terrain pour galvaniser les acteurs concernés si on veut que cette riche idée prenne son essor partout en province cet été ?

On comprend assurément le ministre Roberge de n’avoir pas voulu inquiéter les parents ni démotiver les élèves cette semaine en conférence de presse. C’était la chose à faire. Tout comme il était sage de modifier la pondération des bulletins au secondaire.

Mais le plus dur reste à faire.

Il faut très certainement saluer les initiatives annoncées, mais il est encore trop tôt pour évaluer si on a bien pris la mesure, à Québec, de l’impact de la COVID-19 sur la réussite.

Et si on est prêt à remuer ciel et terre pour éviter que ne serait-ce qu’un seul jeune ne voie ses rêves brisés en raison de cette pandémie.

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