« J’en ai plein mon cass », chante Émile Bilodeau.

« De l’hiver, de la COVID et des mesures sanitaires », pourraient enchaîner sur le même air les Québécois qui en ont ras le pompon de vivre sous une cloche de verre.

Ailleurs dans le monde, la population bouillonne. Aux Pays-Bas, le couvre-feu a déclenché des émeutes, cette semaine. Et face à la grogne populaire, la Californie vient de lever le confinement, contre l’avis des experts de la santé.

Mais ce n’est pas le temps de baisser la garde chez nous.

Pas le temps de lever le couvre-feu le 8 février, comme l’a télégraphié François Legault, jeudi. Pas le temps d’aller dans le Sud, comme l’a annoncé Justin Trudeau, vendredi, après avoir trop longtemps tergiversé.

Même si le nombre de nouveaux cas de COVID-19 a baissé au Québec – signe que le couvre-feu fonctionne – ce n’est pas suffisant pour permettre au réseau de la santé de souffler. Il est donc essentiel de rester vigilant, même si cela nous impose des sacrifices.

C’est une question de respect.

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Une question de respect envers les travailleurs de la santé qui travaillent comme des dingues depuis bientôt un an. À force de presser le citron, des infirmières quittent le navire, ce qui accentue le problème de main-d’œuvre. Et on ne voudrait surtout pas que d’autres suicides surviennent, comme celui de l’urgentologue de Granby qui souffrait d’épuisement professionnel en raison du nouveau coronavirus.

De manière plus large, c’est aussi une question de respect envers l’ensemble des travailleurs – davantage des jeunes et des femmes – qui ont perdu leur gagne-pain à cause des fermetures dans les commerces, les restaurants, les hôtels, les cinémas…

Bien entendu, il ne faut pas oublier les personnes touchées, de près ou de loin, par la COVID-19.

Pensons aux aînés qui sont les plus frappés par la pandémie : les personnes de 65 ans et plus représentent 80 % des hospitalisations et 95 % des décès. Mais songeons aussi aux victimes collatérales, tous ces patients qui ont fait les frais du délestage. Certains risquent de mourir sur la liste d’attente parce que leur opération ou leur traitement n’a pas été effectué à temps.

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Pour toutes ces personnes qui subissent plus durement les contrecoups de la pandémie, il faut se serrer les coudes.

Certains jugent que les mesures sanitaires imposées sont liberticides, dignes des temps de guerre. Mais justement, nous sommes en guerre contre la COVID-19 qui a fait davantage de morts aux États-Unis que la Seconde Guerre mondiale.

Aux grands maux, les grands remèdes.

Avec la semaine de relâche et le variant britannique à l’horizon, il était temps qu’Ottawa interdise aux Canadiens de s’envoler vers le Mexique et les Caraïbes, alors qu’on leur faisait encore miroiter des soldes fracassants sur les tout-inclus.

La tentation était forte, surtout pour les voyageurs coincés avec un crédit à cause de l’inaction d’Ottawa. En novembre, le fédéral avait pourtant annoncé de l’aide à l’industrie en échange d’une promesse de remboursement de leur client. Mais rien n’a bougé. Dommage.

Pour les autres destinations internationales, l’option retenue par Ottawa a le mérite de laisser les voyageurs déterminer eux-mêmes si leur voyage est essentiel ou pas, ce qui aurait été fort délicat pour le gouvernement. Avec une facture de 2000 $ pour un test de dépistage et un séjour obligatoire de trois jours dans un hôtel au retour, on imagine bien que les voyageurs ne partiront pas à l’étranger par pur plaisir.

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Au Québec, le couvre-feu devrait rester en place (sauf peut-être dans les régions éloignées qui comptent très peu de cas). Il s’agit d’un rare moyen pour faire respecter l’interdiction de rassemblements sans que les policiers aient l’odieux de cogner à la porte des familles dénoncées par leurs voisins.

Même s’il est difficile d’isoler les variables, le couvre-feu semble avoir été efficace, alors que les mesures annoncées en décembre, comme le télétravail, la fermeture des écoles et des magasins, n’avaient pas permis de freiner l’escalade des cas.

Alors le maintien du couvre-feu permettra de faire le pont en attendant que les personnes plus vulnérables soient vaccinées, en particulier celles qui vivent dans des résidences pour personnes âgées.

Les retards dans la livraison des vaccins justifient donc un peu plus de patience avant de lever le couvre-feu. Mais on voit le bout du tunnel. Graduellement, on pourrait songer à rouvrir les commerces qui ont une porte directement sur la rue, en limitant le nombre de clients comme cela se faisait déjà.

On pourrait aussi ramener sur les bancs d’école, en groupes réduits, les cégépiens et les étudiants qui sont nombreux à ne pas avoir vu une salle de classe depuis presque un an.

Bref, certains aménagements sont envisageables. En revanche, un relâchement généralisé serait périlleux. Même si on en a plein notre cass.

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