Il était plus attendu que le père Noël par un soir de réveillon. Et il a été déposé sous le sapin à 17 h jeudi par le premier ministre François Legault, emballé d’avertissements et d’explications.

Le gouvernement a donc livré son plan pour un temps des Fêtes en période de COVID-19.

Ce plan est-il bon ? Conduira-t-il à un temps des Fêtes serein ou à une catastrophe dans les hôpitaux en janvier ? C’est terriblement difficile à dire. Personne, dans l’histoire moderne du Québec, n’a vécu un tel Noël.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Le premier ministre François Legault, en conférence de presse

Devant une population qui montre des signes de déprime et dont l’adhésion aux mesures sanitaires s’érode, le gouvernement ne pouvait tout simplement pas annoncer qu’il « annulait » Noël. D’où ce « contrat moral » proposé aux Québécois afin de « faire le plein d’énergie » dans cette longue lutte contre le virus.

Ce plan a le grand avantage de ne pas faire rater de jours d’école aux élèves. On misera sur l’enseignement à distance pour quelques jours. Cela causera quelques enjeux, mais on a un mois pour s’y préparer.

On conserve malgré tout des périodes tampons de sept jours avant et après Noël afin d’éviter de passer le virus des écoles et des milieux de travail vers les familles et vice-versa. La période d’incubation du virus peut s’étendre jusqu’à 14 jours, mais on peut dire qu’on prend ici un risque calculé – si la population, évidemment, respecte ces isolements.

En permettant quatre jours de rassemblements, M. Legault fait toutefois un généreux cadeau de Noël aux Québécois – peut-être trop généreux. Enfiler les rencontres de dix personnes différentes pendant quatre jours peut finir par mettre beaucoup de monde en contact. On compte sur les citoyens pour faire preuve de modération, mais c’est un pari audacieux.

Évidemment, le réveillon du jour de l’An écope. Mais dans les circonstances, c’est vraiment un moindre mal. Nous regarderons simplement le Bye bye chacun chez soi cette année. On a déjà vu pires sacrifices pour garder les écoles ouvertes et éviter des décès et des hospitalisations.

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Il faut réaliser qu’un plan national comme celui proposé jeudi est loin de tout régler. Et que nous devons tous, maintenant, élaborer le nôtre.

Parce que suivre les directives comme l’étoile du berger sans réfléchir pourrait nous mener tout droit à la catastrophe.

Chacun devra ainsi prendre conscience que ce n’est pas parce qu’un rassemblement de dix personnes est permis qu’il est intelligent et sans risque. Réunir le cousin qui méprise les règles sanitaires avec l’oncle diabétique et la grand-mère autour de la même tourtière est un passeport pour les problèmes. On ne veut rien dramatiser, mais personne ne veut commencer l’année 2021 en chantant « c’est un peu à cause de moi » à un proche hospitalisé. La Santé publique a promis un guide pour nous aider à gérer les risques des rencontres et il s’avérera sans doute précieux.

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Les médecins qui travaillent aux urgences préfèrent souvent être de garde à Noël plutôt qu’au jour de l’An. C’est que chaque année, les urgences sont prises d’assaut dès le début janvier et ne se calment généralement qu’à la fin février. Les taux d’occupation atteignent régulièrement les 200 %.

Ces pointes, aussi prévisibles que la migration des oiseaux, découlent des virus de l’influenza et de la gastro échangés pendant les Fêtes en même temps que les cadeaux. Des solutions ont déjà été proposées, comme ouvrir les cliniques pendant les vacances de Noël et les inciter à prendre en charge certains cas graves en janvier et février. Cela n’a jamais été fait.

De quoi auront l’air nos urgences en janvier 2021 avec la COVID-19 par-dessus le marché ? On peut croiser les doigts et dire que « ça va bien aller ». Ou se préparer au pire en espérant l’éviter. Espérons que le gouvernement a choisi la deuxième option. Sinon, il reste un mois et demi pour se préparer. Ça aussi, ça fait partie du plan de Noël.

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