Nous avons récemment demandé à nos lecteurs ce qu’ils pensaient du prolongement de la PCU. Il régnait chez eux une belle unanimité… contre une telle initiative !

Ce coup de sonde n’avait rien de scientifique, mais il confirmait tout de même que la prestation canadienne d’urgence n’a pas fait que des heureux. Dans les médias, d’ailleurs, on en parle plus souvent en mal qu’en bien depuis plusieurs semaines, même si son apport a incontestablement été positif.

Le gouvernement fédéral a offert récemment les détails sur l’avenir de la prestation d’urgence. Il ne pouvait pas laisser tomber ceux pour qui la relance n’est encore qu’une vue de l’esprit. Mais il devait revoir sa copie.

C’est chose faite. Et les améliorations ne sont pas que cosmétiques. L’aide va demeurer disponible, mais sera offerte dans le but d’atténuer le plus possible l’effet dissuasif sur le retour au travail qui a été décrié au cours des derniers mois.

On a reproché au gouvernement libéral – avec raison – de ne pas avoir fait adopter ces mesures avant la prorogation. Mais sinon, rares sont ceux qui ont dénoncé la teneur du nouveau programme d’aide, tant au sein de l’opposition que chez les experts. C’est généralement un baromètre fiable.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau a rencontré des entrepreneurs dans un bistro de Montréal, le 31 août dernier.

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Une grande nouveauté, c’est qu’on va faire migrer quelque 400 000 personnes de plus vers le régime d’assurance-emploi. Or, les prestataires doivent – entre autres choses – établir leur disponibilité à travailler. Ça change la donne.

En contrepartie, Ottawa propose des assouplissements substantiels au régime. On va faire par exemple faire chuter à 120 le nombre d’heures de travail requises pour y être admissible et ce peu importe le taux de chômage rapporté dans la région où l’on habite. Un pas de géant pour l’accessibilité.

Tout ça est temporaire, mais la table est mise pour une réforme en profondeur, sur laquelle Ottawa aurait tout avantage à se pencher au cours des prochains mois.

Le régime d’assurance-emploi, disons-le, est bourré de trous. On en a eu la preuve ultime en mars dernier ; il n’a pas pu être utilisé comme bouée de sauvetage. Quel aveu d’échec !

Il est, notoirement, trop complexe. Et désuet.

Il n’a jamais véritablement été adapté aux nouvelles réalités du milieu du travail. Parmi les laissés pour compte, on dénombre les travailleurs autonomes et les travailleurs à temps partiel. Et plus souvent qu’autrement, les femmes et les jeunes.

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Trois autres prestations vont aussi voir le jour à la fin du mois. À commencer par la prestation canadienne de relance économique, pour donner un coup de pouce – justement – aux travailleurs autonomes qui ne seraient pas couverts par l’assurance-emploi.

On a ajouté à ça une prestation pour les travailleurs malades ou ceux qui devraient s’isoler en raison de la COVID-19 et une autre pour les proches aidants, elle aussi liée au coronavirus.

Alors qu’on dénonce souvent l’incapacité de nos politiciens à répondre aux problèmes les plus criants dans nos sociétés démocratiques, il n’est pas vain de souligner que la machine gouvernementale a pu aider rapidement et de façon efficace plus de 8,5 millions de personnes vulnérables au cours des derniers mois. Et que le politique a su tirer des leçons des erreurs commises, tout en commençant à réfléchir à un filet social plus équitable.

Il reste un éléphant dans la pièce, bien sûr. Le déficit, dont la croissance est inquiétante.

Le plus difficile reste à faire.

Comment continuer à débourser des dizaines de milliards pour aider les travailleurs les plus vulnérables ET à mettre au point un scénario crédible de retour à l’équilibre budgétaire ?

Ces deux objectifs peuvent sembler contradictoires.

Pourtant, la capacité du gouvernement libéral à résoudre cette équation complexe risque fort d’être déterminante pour son avenir à Ottawa.

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