À l’idée de voter pour Donald Trump, un grand nombre de partisans républicains sont aussi excités qu’un enfant à qui on a promis une virée dans un magasin de bonbons.

On peut n’y rien comprendre, on a le droit de trouver ça absurde, mais le fait est que plusieurs dizaines de millions d’Américains vont aller voter avec enthousiasme pour renouveler le mandat du président en novembre.

La ferveur à l’égard de Joe Biden est plus… Disons… Discrète.

Et ça pourrait être un sérieux handicap pour les démocrates lors du scrutin, particulièrement s’il est plus serré que ce que laissent présager les récents sondages, qui donnent à Joe Biden une bonne longueur d’avance.

C’est pourquoi la convention démocrate qui démarre aujourd’hui aux États-Unis pourrait être déterminante tant pour l’avenir du parti que pour celui du pays.

C’est une occasion en or de changer la donne.

PHOTO CAROLYN KASTER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Joe Biden

Jadis, les conventions des deux grands partis américains servaient à sélectionner les candidats qui s’affrontent dans une lutte sans merci pour s’emparer de la Maison-Blanche. Aujourd’hui, on ne prend plus ce risque. On les utilise presque uniquement pour mousser la popularité de chacun des prétendants.

L’objectif est de créer l’engouement à leur égard et, en même temps, de fouetter les troupes à quelques semaines du scrutin.

Cette année, les démocrates en ont grandement besoin s’ils veulent s’assurer de triompher. Ils doivent rendre Joe Biden, aux yeux de plusieurs dizaines de millions d’électeurs (en majorité des démocrates et des indépendants), aussi emballant que peut l’être Donald Trump pour les républicains.

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Joe Biden, reconnaissons-le, a été choisi par dépit.

Rappelons-nous la course au à la direction du parti… Bon nombre d’électeurs ont eu le coup de foudre, comme en 2016, pour le sénateur du Vermont Bernie Sanders. D’autres ont craqué pour l’ancien maire de South Bend, étoile montant du parti, Pete Buttigieg. Même la sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, avait droit à un traitement digne d’une rock star : en marge de ses rassemblements, des partisans pouvaient faire la queue pendant plusieurs heures pour obtenir un égoportrait avec elle !

Une majorité d’électeurs ont toutefois fini par prendre une décision rationnelle. Ils n’ont pas voté avec leurs tripes. Ils ont choisi le candidat qui, selon eux, avait le plus de chances de vaincre Donald Trump. Un vieux routier du Sénat américain (il y a siégé 36 ans !) qui a été pendant huit ans le bras droit de Barack Obama à la Maison-Blanche.

Une valeur sûre, un politicien rassurant… mais plutôt terne.

Même en temps normal, rendre la candidature de Joe Biden sexy n’aurait pas été évident.

Il se situe depuis longtemps au centre de l’échiquier politique américain et ne suscite pas l’enthousiasme des démocrates les plus progressistes (qui sont souvent les plus engagés).

Il est rassurant, mais tout sauf flamboyant.

C’est en quelque sorte un Mini-Wheat dont le côté sérieux, mis de l’avant depuis plusieurs décennies, aurait fait fondre le côté givré.

Et parce que rien n’est normal, susciter l’enthousiasme à l’égard de Joe Biden pourrait être encore plus difficile cette année parce que la convention sera virtuelle.

Les millions d’Américains rivés devant leur petit écran ne verront pas de foule en délire. Il n’y aura pas de partisans qui vont crier et applaudir à tout rompre en écoutant les discours des ténors démocrates. Pas de ballons ni de confettis pour officialiser la candidature de Joe Biden.

L’aspect festif de l’événement va être difficile à recréer.

Sans compter qu’on voit mal comment les démocrates pourraient bénéficier d’un important effet collatéral des conventions traditionnelles : des milliers de délégués retournent habituellement dans leurs États respectifs gonflés à bloc, prêts à faire campagne avec une ardeur renouvelée.

On va donc assister au cours des quatre prochains jours à un exercice de communication politique aussi délicat que fondamental.

Les démocrates n’ont pas droit à l’erreur, même si leur convention représente cette année un saut dans l’inconnu.

Cela fait forcément de cet évènement, pour Joe Biden et sa colistière Kamala Harris, un saut périlleux.

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