En matière d’éducation, à Québec, l’improvisation face à la pandémie a été remplacée par la planification. Le constater, à trois semaines de la rentrée, est un immense soulagement.

Le changement de cap s’est produit en juin dernier, lorsque le ministre Jean-François Roberge a rendu public son plan d’action pour la rentrée scolaire. Il s’est confirmé lundi lors de la mise à jour de cette marche à suivre.

Après de nombreux cafouillages le printemps dernier, le ministre s’est mis à l’écoute de son réseau et il a élaboré une stratégie qui tient la route.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, lundi à son arrivée à la conférence de presse où il a fait une mise à jour des consignes pour la rentrée scolaire.

Elle ne va pas, comme par magie, résoudre tous les problèmes potentiels. Mais si la tendance se maintient, elle devrait permettre une rentrée structurée.

« Tout est en place pour une rentrée réussie », ont d’ailleurs affirmé lundi d’une seule voix les trois associations de directions d’établissements scolaires. Ce n’est pas anodin, puisque ces directions avaient publiquement critiqué le ministre au début du mois de juin, l’exhortant à redresser la barre.

Jusqu’à preuve du contraire, c’est chose faite.

Aucune fausse note, lundi, alors que des précisions attendues ont notamment été offertes quant au port du masque : il sera obligatoire pour tous les jeunes dès la cinquième année dans les aires communes, mais pas dans les classes. Prôner le contraire aurait été faire preuve d’incohérence.

On a aussi offert des directives claires quant aux écoles qui feront face à des cas de COVID-19. Et on a réglé une fois pour toutes la question de ce qui se passera si une classe ou un établissement devait fermer ses portes. Dans un souci d’équité, on exigera, dans les 24 heures suivant un arrêt des classes, que toutes les écoles offrent aux élèves un nombre minimum d’heures de cours à distance chaque semaine. Les enseignants qui seraient tentés d’appliquer la loi du moindre effort pourront donc être rappelés à l’ordre.

Quant à la fracture numérique, un problème criant qui a été à la source d’inégalités depuis le début de la pandémie, elle devrait être résorbée. On promet que des outils technologiques seront mis à la disposition de tous ceux qui en auront besoin, a précisé le ministre Roberge.

Autre progrès important qui facilitera la gestion de la rentrée par les enseignants et les directions d’école : on laisse tomber le concept (impraticable) de bulles de six élèves. La bulle d’un élève, ce sera sa classe.

PHOTO TOBIAS SCHWARZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

« On a offert des directives claires quant aux écoles qui feront face à des cas de COVID-19 », souligne notre éditorialiste. Sur la photo, c’était jour de rentrée, lundi à Berlin.

Malgré toutes ces consignes claires, il y aura forcément des ratés, des obstacles et des contretemps. Tout ne peut pas être planifié. Les incertitudes ne peuvent pas toutes disparaître. Qui dit rentrée ne dit pas retour à la normale.

L’important, toutefois, était d’atténuer le plus possible les craintes qui, dans le contexte, sont compréhensibles. D’autant que la menace d’une deuxième vague est réelle.

C’était crucial, par-dessus tout, parce que la balance des avantages et des inconvénients penche très clairement du côté d’un retour à l’école. Nos jeunes en ont besoin. Comme le disait avec éloquence le DHoracio Arruda lundi, « c’est mieux pour leur développement, c’est mieux pour leur vie sociale et c’est mieux pour leur santé mentale ».

Il manque encore une pièce pour compléter le casse-tête : un plan qui permettra de répondre aux interrogations d’ordre pédagogique.

De savoir ce qu’on va faire, notamment, pour donner un nécessaire coup de pouce aux élèves les plus vulnérables. Il y aura des « ajouts de services », a promis le ministre Roberge.

On a hâte d’en savoir plus. Le temps presse. Mais il ne serait pas honnête d’insister aujourd’hui sur ce qui n’a pas encore été dévoilé plutôt que sur ce qui vient d’être accompli.

On va pouvoir rouvrir les écoles de l’ensemble du Québec en sachant qu’il y a une stratégie cohérente pour assurer la sécurité des élèves et du personnel. C’est un très grand pas fait dans la bonne direction.

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