Avec un tramway, les résidants de Québec se départiront-ils tous de leur automobile pour faire de leur ville l’une des plus vertes au monde ? Non.

Le projet de tramway, étudié actuellement par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), doit-il voir le jour comme prévu en 2026 ? Absolument.

À long terme, le tramway a le potentiel de transformer la façon de se déplacer à Québec, ville trop dépendante à l’automobile, surtout maintenant que l’on connaît les dangers reliés aux changements climatiques. La comparaison fera un pincement au cœur aux partisans des Nordiques, mais un tramway permettrait à Québec de faire son entrée dans la Ligue nationale en matière de transport collectif…

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE QUÉBEC

Le tramway remplacerait essentiellement l’actuelle ligne d’autobus/métrobus 800-801 de Sainte-Foy jusqu’à Charlesbourg.

Pour convaincre davantage de gens d’adopter le transport collectif, il faut rendre celui-ci plus attrayant que l’automobile, que ce soit sur le plan de la durée, de l’efficacité ou du confort. Les statistiques de fréquentation montrent que quand on augmente le service de façon efficace, davantage de gens prennent le transport collectif, surtout pendant les heures de pointe.

À Québec, les transports en commun n’occupent pas la place qui leur revient. C’est ce que le maire, Régis Labeaume, veut changer avec son projet de tramway de 3,3 milliards. Le tramway remplacerait essentiellement l’actuelle ligne d’autobus/métrobus 800-801 de Sainte-Foy jusqu’à Charlesbourg.

Pourquoi payer 3,3 milliards pour remplacer une ligne d’autobus ? Parce que cette ligne d’autobus, la colonne vertébrale du réseau, est déjà surchargée. En théorie, elle peut transporter 1700 passagers par heure par direction. Aux heures de pointe, elle en transporte actuellement 1900 en direction Est.

Résultat : les usagers doivent s’entasser dans des autobus bondés. Ce n’est pas la meilleure façon de convaincre les gens de Québec de prendre davantage le transport collectif aux heures de pointe.

De toute façon, il ne faudrait pas en convaincre trop : les autobus sont déjà pleins !

Il faut donc doter Québec d’un nouveau système de transport collectif moderne et ambitieux, un système digne de cette ville.

Et le tramway, avec sa capacité d’environ 3900 passagers à l’heure, constitue de loin le meilleur choix pour une ville de la taille et de la densité de Québec, qui devrait transporter 3200 passagers à l’heure par direction aux heures de pointe en 2041. Oubliez un métro à Québec, ce serait un immense éléphant blanc (il faudrait 20 000 passagers à l’heure). Ce n’est pas pour rien qu’aucune ville de densité similaire n’a de métro.

Le projet du tramway de Québec n’est pas parfait. Pour respecter le budget, l’administration Labeaume vient de retirer deux lignes de trambus. Autrement, le projet est largement positif. On prévoit augmenter l’achalandage de 15 % en 2041, environ 61 % des usagers verront leur temps de transport diminuer, et les autobus de la ligne 800-801 seront répartis ailleurs dans le réseau. De plus, si Stockholm, Helsinki et Olso sont capables d’utiliser des tramways, l’hiver québécois ne devrait pas être un problème.

Ça ne veut pas dire que tous les résidants de Québec vont délaisser du jour au lendemain leur automobile. On ne change pas les habitudes d’une ville en une seule année.

En fait, le plus grand ennemi du tramway, c’est le projet du troisième lien routier, qui augmentera sans doute la congestion routière à long terme en ajoutant des voitures sur la route. En offrant plus d’options aux automobilistes, on incite l’utilisation de l’automobile au détriment du transport collectif.

Le gouvernement Legault a gelé sa part du budget du tramway pour que le projet ne coûte pas plus de 3,3 milliards. Combien coûtera le troisième lien ? Québec est plus discret et semble moins préoccupé de la facture (quelque part entre 4 et 10 milliards). Deux poids, deux mesures.

Avec un tramway, le transport collectif à Québec aura (enfin) une véritable chance de concurrencer l’automobile. D’abord aux heures de pointe. Ensuite, qui sait jusqu’où un tramway pourra mener Québec ?

> Consultez une étude américaine sur l’impact de la construction de nouvelles routes sur la congestion routière (en anglais)

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