Ça fait un peu plus de deux semaines seulement que les bars ont rouvert à Montréal et, déjà, la situation dégénère.

L’appel lancé samedi par la Direction régionale de santé publique de Montréal est sans équivoque. Tous ceux qui ont visité un bar à Montréal depuis le 1er juillet doivent se faire tester pour la COVID-19. Quel gâchis !

Les cas rapportés – le virus a circulé dans « au moins » cinq établissements – sont peut-être uniquement liés à des bars qui n’ont pas respecté les règles dictées par la Santé publique pour leur réouverture. N’empêche, la situation actuelle est intenable.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

« Les cas rapportés – le virus a circulé dans « au moins » cinq établissements – sont peut-être uniquement liés à des bars qui n’ont pas respecté les règles dictées par la santé publique pour leur réouverture. N’empêche, la situation actuelle est intenable », écrit Alexandre Sirois.

Comme le nouveau ministre de la Santé Christian Dubé l’a si bien dit jeudi dernier, « on ne peut pas accepter ça après tous les sacrifices qui ont été faits par les Québécois ».

Ce jour-là, Québec a annoncé trois nouvelles mesures visant à limiter les dégâts dans les bars.

 – On ne peut plus vendre d’alcool dès minuit.

 – Les établissements ne doivent pas dépasser 50 % de leur capacité légale.

 – Les clients doivent rester assis ; pas question d’utiliser les pistes de danse.

Mais soyons sérieux. Comment s’assurer que ces mesures soient respectées ; tous les bars n’arrêtent pas de servir de l’alcool après minuit, par exemple. Et même si elles l’étaient, comment penser que ce sera suffisant pour éviter de nouvelles éclosions ?

On n’est pas dans un conte de fées, ici. Un simple coup de baguette magique a permis à Cendrillon de conserver son carrosse jusqu’à minuit. Mais on ne peut pas empêcher le virus de se propager dans les bars avant le last call, même si on le devance à minuit et si les clients sont moins soûls.

On a dit que Québec avait serré la vis, mais c’est surtout une solution de compromis. Or, elle a été proposée avant qu’on prenne la mesure de l’ampleur du problème.

Dans les circonstances actuelles, les bars où la distanciation physique à l’intérieur est impossible, et où les normes sanitaires de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail ne sont pas respectées, ne peuvent tout simplement pas rester ouverts.

> Consultez le guide des normes sanitaires

Si on a rouvert les bars, c’était notamment en se disant qu’on allait éviter de voir les fêtes privées se multiplier et contribuer à la propagation du virus. Or, on doit actuellement gérer des éclosions majeures liées aux fêtes privées ET la propagation dans les bars ! On perd au change.

Bien sûr que c’est déchirant. Bien sûr que, dans un monde idéal, les bars resteraient ouverts. Tout le monde serait traité de la même manière : les bars comme les épiceries et les autres commerces de nos quartiers.

Le problème, c’est que le risque n’est pas le même partout. Il est nettement plus élevé dans les bars, où par définition le port du masque est impensable. Et des vies sont en jeu.

Nous ne sommes pas les seuls à constater, consternés, les dérives liées à la réouverture des bars. Les photos des débordements à Londres lorsqu’on a permis l’accès aux pubs, il y a une dizaine de jours, ont fait le tour du monde.

Aux États-Unis, certains États ont récemment forcé les bars rouverts à fermer leurs portes. C’est ce qu’a annoncé le gouverneur de la Louisiane samedi, précisant que les bars ont déjà été liés à au moins 36 éclosions et 405 infections.

Dans cet État, on n’a pas tergiversé longtemps : la mesure forçant les bars à fermer leurs portes est entrée en vigueur cette nuit. Et vous savez quoi ? Elle est accompagnée d’une obligation de porter un masque pour tous ceux qui ont plus de 8 ans.

Tant pour les bars que pour les masques, il serait absurde d’attendre – comme nos voisins du Sud – que l’épidémie revienne en force pour agir.

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