L’expression est de l’analyste Tomas Pueyo selon qui la période de déconfinement progressif déjà amorcée par plusieurs pays ressemblera à une sorte de « danse » avec le coronavirus.

Le virus sera toujours là, pendant des mois, peut-être plus, et il faudra apprendre à vivre avec lui, tout en minimisant le risque d’une deuxième vague. 

Nos sociétés devront recommencer à respirer, mais de la manière la plus sécuritaire possible.

Québec prévoit annoncer son plan de déconfinement la semaine prochaine. Sur quelles données devrions-nous nous appuyer pour déterminer le rythme et les paramètres de ce retour à une vie un peu plus normale ?

L’Organisation mondiale de la santé a établi six critères pour déterminer le moment où un pays est prêt à amorcer sa sortie du régime d’isolement. Parmi ceux-ci, le critère numéro 1 : il faut maîtriser la transmission de la COVID-19, c’est-à-dire avoir constaté une stabilisation ou une diminution de nouvelles infections pendant deux semaines. Le critère numéro 2 : il faut minimiser le risque de transmission dans des environnements exposés comme les résidences pour aînés.

Le Québec, on le voit chaque jour à 13 h, n’est pas rendu là. Le nombre de nouvelles contagions ne cesse d’augmenter : 807 mardi, 839 mercredi, 873 jeudi. Et l’hécatombe se poursuit dans les CHSLD.

Est-ce trop tôt pour amorcer un déconfinement graduel dans un avenir rapproché ? Peut-être pas. Mais il faudra procéder avec une infinie prudence.

L’exemple le plus éloquent sur la manière de danser avec le coronavirus nous vient de Corée du Sud. Ce pays n’a jamais décrété de confinement général. Seuls les foyers d’infection ont été placés en isolement.

Séoul a bien retardé la rentrée scolaire et instauré quelques limites aux rassemblements, mais l’économie sud-coréenne n’a jamais été plongée dans le coma.

En revanche, les Sud-Coréens ont contenu l’épidémie en freinant massivement la propagation du virus. Encore aujourd’hui, toute personne qui débarque dans ce pays doit subir un test de détection à l’aéroport. Les nouveaux arrivants sont ensuite placés en isolement pendant 24 heures, le temps de recevoir le résultat du test. Avant de subir une quarantaine.

La détection massive n’est pas réservée aux voyageurs. Tout Sud-Coréen peut subir un test à ses frais et se fera rembourser si celui-ci est positif. Le cas échéant, tous les contacts de la personne infectée seront retrouvés et mis en quarantaine.

PHOTO HEO RAN, REUTERS

Encore aujourd’hui, toute personne qui débarque en Corée du Sud doit subir un test de détection à l’aéroport.

Tester, diagnostiquer, retrouver, isoler : au lieu de confiner tout le monde, on a confiné les personnes les plus à risque. Tout ça accompagné du port généralisé du masque.

Résultat : la courbe de contagion sud-coréenne se déploie quasiment à l’horizontale. La COVID-19 a fait 240 morts en Corée du Sud, soit 4,6 par million d’habitants. Contre 1243, soit 147 par million d’habitants au Québec ! La Corée du Sud compte aussi deux fois moins de cas d’infection que le Québec pour une population six fois plus élevée.

Évidemment, la Corée du Sud a lancé son offensive dès le début de l’infection, ce qui a permis de freiner l’épidémie.

Mais étant donné que la danse avec le virus ne fait que commencer, il est toujours temps de s’inspirer de cet exemple. En investissant massivement dans les tests et les opérations de recherche de personnes ayant été en contact avec un malade.

Si, culturellement, la géolocalisation invasive passe moins bien en Occident qu’en Corée du Sud, trouvons d’autres façons de retrouver ceux qui ont croisé de trop près une personne infectée. C’est le meilleur moyen, en plus du masque, de limiter la contagion et de sauver des vies.

C’est aussi ce que dit l’American Enterprise Institute dans un récent rapport selon lequel un déconfinement sûr repose sur la capacité de tester et de suivre les cas suspects.

Les ressources en santé publique ne sont pas suffisantes pour une opération de recherche de cette envergure ? Alors, investissons. C’est une question de vie ou de mort.

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