D’abord, la bonne nouvelle : on craignait que Donald Trump n’ait ouvert une boîte de Pandore. Elle vient de se refermer.

L’escalade semble — insistons sur ce mot, car avec ce président, il ne faut jamais rien tenir pour acquis — terminée.

Avec une riposte qui a été menée selon toute vraisemblance de façon à ne pas faire de victime, l’Iran a offert la chance à Donald Trump d’enterrer la hache de guerre. C’est ce qu’il a fait, même s’il avait promis ces derniers jours que toute réplique iranienne serait sévèrement sanctionnée.

La mauvaise nouvelle, c’est que si les deux pays sont sortis du guêpier dans lequel ils s’étaient fourrés depuis la fin du mois de décembre, ils demeurent dans l’impasse. Il serait sage, par conséquent, de ne pas se réjouir trop vite.

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Renforcer les sanctions contre l’Iran, l’option privilégiée par Donald Trump ces dernières années, n’a pas poussé le régime des mollahs à mettre fin à ses ambitions nucléaires comme le souhaite Washington.

Au contraire. Depuis que le président américain a annoncé que les États-Unis se retiraient de l’accord sur le nucléaire signé en 2015, l’Iran a graduellement réduit ses engagements pris en vertu de l’entente.

La république islamique a annoncé au cours de la dernière année — notamment — qu’elle ne respecterait plus les limites prescrites quant à sa production d’uranium enrichi ou au nombre de ses centrifugeuses.

Or, hier, Donald Trump a encore passé plus de temps à pester contre l’entente signée naguère par Barack Obama qu’à proposer des solutions constructives pour remettre les négociations sur les rails.

PHOTO MIKE SEGAR, REUTERS

L’allocution du président Donald Trump projetée sur un écran, mercredi à Times Square

Bien sûr, il a répété qu’il voulait un nouvel accord. Il a exhorté les pays impliqués par le passé dans les pourparlers (Royaume-Uni, Allemagne, France, Russie et Chine) à se joindre à lui pour y parvenir. Mais ce sont des vœux pieux. Rien de plus.

Il a aussi promis de nouvelles sanctions, c’est vrai. Mais faire la même chose et s’attendre à des résultats différents, ce n’est généralement pas très prometteur.

L’improvisation à la Maison-Blanche en matière de politique étrangère est saisissante, tout particulièrement si on compare l’administration Trump à celle de son prédécesseur. Dans le cas de l’Iran, les efforts déployés par Barack Obama et ses conseillers avaient été multiples, diversifiés et efficaces.

Oui, on avait mis de l’avant une série de sanctions, mais des opérations secrètes pour saboter le programme nucléaire avaient aussi été menées et des efforts considérables pour négocier une sortie de crise avaient été déployés. Avec succès.

Or, à écouter Donald Trump mercredi, il est évident que la Maison-Blanche ne dispose d’aucune stratégie afin de convaincre Téhéran de renoncer à ses ambitions nucléaires.

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On peut à tout le moins se consoler de voir que la retenue manifestée par Donald Trump quant à l’usage de la force à l’international (du moins jusqu’à ce qu’il donne le feu vert à l’assassinat du général Soleimani) est de nouveau le mot d’ordre à Washington.

La désescalade lui permet aussi d’être conséquent avec l’idée qu’il ne veut rien savoir des « guerres sans fin » au Moyen-Orient, ce qu’il répète depuis des années.

Il a d’ailleurs affirmé mercredi que l’OTAN devra s’impliquer davantage dans cette région. Attendons de voir s’il a véritablement des initiatives à proposer en ce sens, ou si cette déclaration n’est qu’une autre façon pour lui de se plaindre de l’inefficacité de l’organisation.

Et notons que des centaines de soldats canadiens entraînent déjà des militaires irakiens — ce que Justin Trudeau a pris soin de souligner lors de son coup de fil avec Donald Trump mercredi —, mais ont dû battre en retraite temporairement dans la foulée de la frappe américaine de la semaine dernière. Ottawa souhaite qu’ils continuent leur mission, mais Washington leur a assurément mis des bâtons dans les roues.

Donc, oui, le pire a été évité dans le dossier iranien. Mais on ne peut que constater et déplorer que Donald Trump fait encore partie du problème plus que de la solution.

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