Alléluia. Si tout va bien, c’est cette semaine que les premiers Québécois recevront leur vaccin contre la COVID-19.

Ce n’est pas la fin du combat contre le virus, on le sait. La vaccination ne réglera pas tout d’un coup de baguette magique et certaines questions demeurent.

Mais il reste que la perspective vient de changer. En fait, la vaccination qui débute rend les sacrifices que nous faisons tous actuellement… encore plus valables et pertinents qu’avant.

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Premier jour de vaccination contre la COVID-19 en Grande-Bretagne, le 8 décembre dernier

Pourquoi ?

Examinons certains des arguments invoqués contre le confinement et les mesures sanitaires.

« On ne peut quand même pas se cacher indéfiniment en attendant le vaccin ! »

« Si on ne se fait pas infecter maintenant, on le sera plus tard. On ne fait que repousser le problème ! »

« Il faut apprendre à vivre avec le virus au lieu de tout fermer ! »

Certains de ces plaidoyers pouvaient être valables alors qu’aucun vaccin ne pointait à l’horizon. Mais ils paraissent soudain moins convaincants maintenant qu’une sortie de crise est en vue.

Nos sacrifices ne sont pas terminés. Mais il est désormais raisonnable de penser qu’ils s’allégeront dans un horizon envisageable. Ça les rend plus faciles à avaler.

Au moment où le Québec voit la deuxième vague empirer, cela devrait nous motiver à redoubler d’efforts pour combattre la maladie. Les infections qu’on prévient aujourd’hui ne sont pas repoussées à demain. Elles ont des chances d’être évitées, point.

* * *

La vaccination reste entourée d’une certaine part d’inconnu. On ignore quelle proportion exacte de la population voudra recevoir le vaccin, particulièrement parmi les travailleurs de la santé, pour qui il sera crucial.

On ne sait pas si les gens vaccinés pourront transmettre le virus aux autres. On ignore la durée de l’immunité conférée par le vaccin de Pfizer. Et même s’il y a des indications en ce sens, les données ne permettent pas d’affirmer hors de tout doute que le vaccin peut prévenir les cas graves.

Malgré ces incertitudes, il faut rester optimiste face au vaccin de Pfizer. « Les résultats sont impressionnants », concluent les éditeurs du New England Journal of Medicine, dans lequel les résultats complets viennent d’être publiés. Ces scientifiques indépendants, pourtant peu réputés pour leurs envolées lyriques, parlent d’un « triomphe ».

Selon le calendrier présenté par les autorités, on peut espérer vacciner tous les résidants des résidences pour aînés et des CHSLD du Québec cet hiver.

On verra la protection exacte conférée par le vaccin, mais les chances sont bonnes qu’on puisse alors pousser collectivement un immense soupir de soulagement.

On ne sera toutefois pas encore sortis du bois. Les patients des CHSLD et des résidences pour aînés comptent actuellement pour un peu plus du tiers des hospitalisations. La majorité vient donc de la communauté. On ne pourra pas encore baisser la garde sous peine de mettre à risque les gens vulnérables qui attendent encore d’être vaccinés… et de surcharger nos hôpitaux, avec les impacts sur les autres malades que cela entraîne.

La pression risque d’être forte pour tout rouvrir et il faudra résister.

À quel moment le vent commencera-t-il vraiment à tourner ? C’est impossible à dire. Certains spécialistes évoquent la fin du printemps, alors que la saisonnalité viendra en plus affaiblir le virus et faciliter les rencontres extérieures.

Ces scénarios sont élaborés avec le seul vaccin de Pfizer en tête. Or, celui de Moderna semble sur le point d’être approuvé à son tour, et ceux d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson sont en cours d’évaluation. De belles surprises sont donc possibles.

L’idée n’est pas d’être jovialiste. Mais après avoir encaissé les mauvaises nouvelles depuis le mois de mars, on peut quand même s’accorder le droit d’être (prudemment) optimiste. C’est peut-être même essentiel si on veut passer à travers un hiver qui s’annonce difficile. Et trouver le courage de faire les sacrifices nécessaires.

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