Un groupe de plus de 75 experts vient de suggérer de mettre le Québec « en pause » pendant le congé des Fêtes.

On les comprend de sonner l’alarme. Le débat est nécessaire. La flambée est inquiétante. La réduction des activités dans les blocs opératoires de la province montre à quel point le système a atteint la limite de ses capacités.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Un homme masqué dans le quartier Côte-des-Neiges, à Montréal

Ils laissent au gouvernement le soin de décider de quel genre de pause on aurait besoin. Mais les solutions sont limitées. Les règles ont été resserrées une fois de plus la semaine dernière.

Comme le chantait jadis Plastic Bertrand : « Stop ou encore » ? On met sur pause ou on continue ?

Humble suggestion : si ce n’était pas tant d’une pause que le Québec a besoin de toute urgence, mais d’un plan pour faire respecter les mesures actuelles (qui sont déjà plutôt strictes) ?

Et si on proposait, au cœur de ce plan, une incontournable séance d’introspection de la part de tout un chacun ?

Remarquez ce qu’on rapporte ces jours-ci dans les médias.

Le Devoir faisait sa une lundi avec les problèmes de Saint-Sauveur. La localité est aux prises avec une invasion de touristes montréalais qui fuient les restrictions de la zone rouge pour se la couler douce dans les commerces, les bars et les restaurants d’une zone orange !

À Radio-Canada, on rapporte que « malgré l’interdiction des rassemblements dans le temps des Fêtes, des familles font fi des règles et réservent des chalets pour plus de 10 personnes ».

Bref, bon nombre de Québécois continuent de défier les règles au quotidien. Et on peut présumer que ça va être pire pendant les Fêtes ; les rassemblements de 10, 12, voire 20 personnes pourraient se multiplier d’un bout à l’autre de la province !

Et que dire de la ruée vers les voyages dans le Sud pour Noël ? Vous vous souvenez de l’impact de la semaine de relâche sur la contagion ?

Enfin, on rapporte que désormais, « les gens attendent trop pour se faire tester » s’ils ont des symptômes, comme le déplorait lundi le ministre Christian Dubé.

Madame, monsieur, on n’est pas sortis de l’auberge.

Le problème n’est pas circonscrit à une poignée de covidiots qui manifestent contre le port du masque en dansant avec un enthousiasme juvénile dans un centre commercial.

Non. C’est à la fois plus banal… et plus sérieux !

Car on parle du frère, de la tante, des amis, voire des grands-parents qui ne cherchent pas à dénoncer la tyrannie du gouvernement Legault en agissant de la sorte.

Ils en ont assez de l’épidémie et des contraintes qui vont avec. Ils savent que le vaccin est à nos portes. Et ils n’ont pas nécessairement l’impression de mettre quiconque en danger.

La menace de la COVID-19 est encore abstraite, voyez-vous. Elle représente un défi pour l’imagination. On a tendance à la prendre plus facilement à la légère parce qu’on ne se rend pas compte, au quotidien, des ravages faits par le virus.

Le problème, bien sûr, c’est qu’on ne peut pas offrir à tout ce beau monde un stage dans une unité de soins intensifs pour les convaincre de respecter les mesures !

Ne soyons pas naïfs, par ailleurs. Un appel à la responsabilité ne sera pas suffisant. C’est pourquoi les autorités, qui font des pieds et des mains pour convaincre, devraient songer à contraindre davantage.

Les inspecteurs de la CNESST montrent-ils les dents assez souvent ? Les policiers donnent-ils un nombre suffisant d’amendes aux contrevenants ? Hum…

La semaine dernière, 256 rapports d’infraction ont été distribués à travers la province. Visiblement, ce n’est pas encore assez dissuasif…

Autre solution à envisager : le télétravail est de moins en moins populaire ; cette tendance doit être inversée.

Si le relâchement constaté se poursuit, on n’aura pas le choix : il faudra donner raison aux experts qui réclament des mesures plus musclées.

Sommes-nous prêts à faire les sacrifices qui s’imposent pour éviter que Québec ne soit forcé de décréter une pause ?

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