La gestion de la COVID-19 en Ontario et au Québec vient de prendre deux chemins très différents.

À l’ouest de la rivière des Outaouais, malgré un nombre d’infections record, le premier ministre Doug Ford vient d’annoncer un important relâchement des mesures sanitaires. Les restaurants, les bars et les gymnases rouvriront sous certaines conditions. On pourra même jouer au bingo et chanter du karaoké à Ottawa dès samedi.

À Québec, pendant ce temps, François Legault maintient la ligne dure. En conférence de presse, jeudi, le premier ministre s’est montré extrêmement réticent à assouplir les mesures. Seule concession possible évoquée : permettre les rencontres entre deux personnes.

Que M. Legault se montre inflexible jusqu’au 23 novembre, la fin de notre deuxième « défi 28 jours », ça fait partie du contrat. Mais alors qu’on arrive au milieu de ce délai, les Québécois espèrent une certaine lumière au bout du tunnel. Voir le ministre Christian Dubé évoquer la situation actuelle comme la « nouvelle normalité » est carrément déprimant.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

« Plusieurs manquent maintenant d’air dans le cagibi », souligne Philippe Mercure.

Il n’est pas question d’adopter l’approche ontarienne. Mais on espère quand même que le gouvernement planche sur des façons plus durables de vivre avec le virus pour l’après-23 novembre.

À ce sujet, les propositions de la directrice régionale de santé publique de Montréal, Mylène Drouin, sont certainement à considérer. Au menu : certaines réouvertures ciblées, graduelles et encadrées. La Dre Drouin les aimerait le plus tôt possible. Mais le 24 novembre, ce n’est pas si loin.

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Quand le spectre de la deuxième vague de COVID-19 est arrivé au début de l’automne, nous nous sommes tous cachés dans le placard pour éviter le virus.

Ce n’était évidemment pas le Grand Confinement du printemps. Mais en zone rouge, on a fermé les restos, les bars, les gymnases, les théâtres, les bibliothèques — même le Jardin botanique.

Ce placard, François Legault nous a demandé d’y rester 28 jours. Au terme de cette période, il a réévalué la situation. Et nous a demandé d’y demeurer 28 jours additionnels.

C’était la chose à faire. La deuxième vague semblait contenue, mais les risques qu’elle s’emballe étaient toujours là.

Or, plusieurs manquent maintenant d’air dans le cagibi. La santé mentale se dégrade. On sent l’adhésion aux mesures s’effriter, un signal d’alarme en santé publique. Et certaines activités peuvent très bien être pratiquées en minimisant les risques. D’où les appels à ouvrir la porte le 23 novembre.

Chacun a son avis sur cette porte et sur la vitesse à laquelle on devrait l’ouvrir. La décision collective est difficile. À regarder la situation européenne, on comprend M. Legault de ne pas vouloir s’avancer vers la poignée.

Mais ne pourrait-on pas songer à un entrebâillement extrêmement prudent, ne serait-ce que pour laisser entrer un peu d’air et de lumière ? En gardant en tête que plus l’ouverture est graduelle, moins on a de chances de devoir refermer la porte plus tard.

Les cibles les plus faciles à considérer ? Les activités extérieures. Les musées et les bibliothèques, toujours avec des critères stricts. Peut-être les rencontres entre les gens de deux adresses différentes, comme le suggère la Dre Mylène Drouin. On sait maintenant que 80 % des infections proviennent d’une minorité d’évènements super-propagateurs. Ce sont eux qu’il faut à tout prix éviter.

Malheureusement, il sera sans doute impossible d’aller plus loin. Nos opérations de traçage restent imparfaites et la capacité hospitalière est encore fragile. Nos CHSLD sont certes mieux protégés qu’au printemps, mais demeurent vulnérables. Bref, c’est à déplorer, mais c’est comme ça : après huit mois de pandémie, notre réseau n’est pas assez solide pour soutenir un allègement important des mesures.

Entre le coup de pied dans la porte de l’Ontario, qui se transformera samedi en vaste laboratoire, et le statu quo de la porte close, il y a des options à explorer.

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