Après avoir serré la vis dans la société, Québec n’avait pas vraiment le choix de faire la même chose dans les écoles. L’épidémie y est un reflet de celle qui secoue la communauté.

Voilà pourquoi on se retrouvera jeudi en zone rouge avec des élèves du secondaire masqués en classe, des ados de quatrième et cinquième secondaire qui n’iront à l’école qu’un jour sur deux, et des milliers de jeunes privés de leurs activités parascolaires.

Il est triste qu’on en soit arrivé là, et les élèves et le personnel paient pour l’insouciance collective qui règne depuis l’été hors de l’école. Les mesures annoncées lundi sont-elles les bonnes ? On peut en discuter. Mais l’essentiel est ailleurs : la priorité est de garder nos écoles ouvertes malgré la force de la deuxième vague et nul doute que le resserrement aidera à atteindre cet objectif.

Rappelons que le feu n’est pas pris et que l’immense majorité des cas dans les écoles proviennent de la communauté et ne provoquent pas d’éclosions. Mis à part pour les élèves de quatrième et cinquième secondaire, qui vivent des changements relativement importants, il est donc rassurant de voir que l’éducation n’est pas complètement chamboulée.

On se demande toutefois pourquoi le tour de vis est plus sévère que ce que les observateurs prévoyaient en zone rouge… tandis que rien ne change ailleurs en province. Sachant qu’agir tôt est crucial, on aurait pu étendre certaines mesures à l’ensemble du Québec. Et être finalement proactif plutôt que réactif.

Si Québec avait une priorité, c’était de freiner la multiplication des bulles — une préoccupation qui devrait toucher toute la province. En plus de leur bulle-classe, les élèves se retrouvent dans une autre bulle lorsqu’ils prennent l’autobus, une autre encore lors d’activités parascolaires, sans compter les bulles créées par les rencontres de copains à l’extérieur de l’école.

La présence accrue de policiers à la fin des classes incitera certainement les élèves à rentrer à la maison plutôt que de socialiser en groupe, un comportement qui représente le moteur de l’épidémie actuelle.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

« Après avoir serré la vis dans la société, Québec n’avait pas vraiment le choix de faire la même chose dans les écoles », écrit notre éditorialiste.

La fin des activités sportives et parascolaires, aussi douloureuse soit-elle, vise aussi à réduire le nombre de bulles. On mesure l’ampleur de l’erreur faite en autorisant la reprise de ces activités quelques semaines à peine après les avoir interdites à la rentrée, alors que les cas étaient en pleine augmentation dans la province. En à peine un mois, le gouvernement aura crié « Stop ! Go ! Stop ! » dans ce dossier, nous amenant à ne plus savoir sur quel pied danser et perdant de la crédibilité par la bande.

Après s’être attaqué aux nombreuses bulles, Québec devait-il en plus imposer le port du masque en classe au secondaire ? Ça se discute. Bien sûr, le virus se transmet mieux à l’intérieur. Sauf que les élèves sont alors au sein de leur bulle, ce qui limite la transmission et circonscrit les mesures en cas de problème (fermer une classe plutôt que l’école). Les élèves sont aussi en contexte d’apprentissage, où le masque est plus nuisible. Rappelons finalement que la transmission entre les élèves est relativement faible, surtout chez les plus jeunes.

Mais, encore une fois, le gouvernement veut garder les écoles ouvertes et fait des choix. Les désagréments subis ne sont pas la fin du monde.

La même chose est vraie pour l’école en alternance des élèves de quatrième et cinquième secondaire, de plus grands propagateurs que leurs camarades moins âgés. On peut craindre les effets sur leur motivation, mais ils continueront d’être suivis par leurs enseignants.

Terminons par une remarque. En santé, on mesure les dommages collatéraux de la lutte contre la COVID-19 par les opérations et les diagnostics retardés, des facteurs qui sont pris en compte dans les décisions. Il faut songer à faire de même en éducation. Le décrochage et les retards d’apprentissage sont-ils en augmentation ? La motivation est-elle à la traîne ? Il est important de le documenter régulièrement, quitte à réaliser des tests aléatoires sur des échantillons d’élèves, et de publier des indicateurs.

Nous souhaitons tous que nos écoles restent ouvertes et que les élèves y connaissent du succès. La meilleure façon d’y parvenir est encore de limiter la propagation du virus dans la communauté.

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