À l’évidence, vous n’avez pas attendu que le gouvernement vous force à porter le masque pour le faire dans les situations où la distanciation physique est impossible.

En fait, à vous lire, on croirait que le Québec tout entier porte déjà un couvre-visage : une poignée de lecteurs seulement m’ont dit qu’ils ne portaient pas encore le masque… sur tout près de 1000 lettres reçues !

Mais, ironiquement, vous êtes très nombreux à déplorer le fait que… peu de monde porte le masque.

Et donc, en chœur, vous envoyez un message à « nos ténors québécois », comme dit Debbie Di Chiaro en parlant de M. Legault, M. Arruda et Mme McCann : vite, il faut imposer le couvre-visage pour que les insouciants se conforment !

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault, vendredi, à son arrivée à sa conférence de presse

« Oui aux masques ! Par altruisme ! Par solidarité ! Tous pour un et un pour tous ! », lance Mimi Dupuis.

Au début, Micheline Carter comprenait les réticences du Dr Arruda quand il disait craindre que le masque donne un faux sentiment de sécurité. « Ayant travaillé longtemps dans le domaine dentaire, je sais pertinemment que l’on peut se contaminer et contaminer les autres si on touche à notre masque. Mais lorsque j’ai vu les résultats démontrant l’efficacité du masque pour réduire la propagation de la COVID-19, j’ai décidé de le porter sans attendre la recommandation officielle. »

Et vous êtes nombreux à en avoir fait autant. Mais une chose vous chicote tout de même : vous démontrez votre responsabilité en vous masquant et vous protégez ainsi les autres… mais vous êtes vulnérables en raison de l’insouciance des autres qui ne le portent pas.

« Je suis masquée, mais pas protégée », déplore Lu Shadrac. « Le masque devrait être obligatoire, car c’est une bien petite atteinte à nos libertés pour une grande aide à notre droit à la santé », fait remarquer Bernard Ouimet.

D’ailleurs, certains avouent posséder un masque, mais ne pas le porter parce que justement les autres ne le portent pas.

Pourquoi protéger les autres, vous demandez-vous, si les autres ne se soucient pas de moi ?

« Je connais des gens qui attendent que la demande vienne du gouvernement et que plus de gens portent le masque… sinon c’est inutile selon eux », souligne ainsi Guylaine Tardif.

Et comment se justifient ceux qui ne portent jamais le masque ? En affirmant que son efficacité n’a pas été prouvée. Qu’ils ne sont pas atteints du coronavirus. Ou encore, qu’il n’y a pas de couvre-visage disponible (une visite rapide sur un site comme Etsy.com montre pourtant qu’il y en a à la pelle pour pas cher, mais bon…).

« Je ne porterai pas le masque à moins d’y être obligé ou de me savoir infecté d’un rhume, de la grippe ou de la COVID-19, écrit Jacques Francœur, de Magog. Mon visage est le reflet de qui je suis, un moyen de communication. Le masquer en réponse à un problème essentiellement montréalais ne me sourit guère. »

« Je ne porte jamais de masque, ajoute Michel Thériault. J’ai une profonde antipathie contre les visages cagoulés même si je comprends la nécessité actuelle. J’habite un petit patelin au nord de Saint-Jérôme où il y a plus de nature que de monde au pied carré. Je ne fais que les courses essentielles. Et je peux faire ça aussi longtemps qu’il y aura de l’approvisionnement local. »

Quant à Catherine Boucher, elle ne comprend tout simplement pas la stratégie de confinement privilégié par Québec. Ayant elle-même attrapé le virus, elle estime qu’il vaudrait mieux augmenter l’immunité de groupe et s’oppose donc au port du masque par tous.

« Tu fais partie de la très vaste majorité de la population en santé ? Je te souhaite d’attraper la COVID-19 à ton tour et de t’immuniser naturellement », écrit celle qui rejette avec vigueur l’étiquette de « covidiot ».

Mais il faut dire que ce genre de commentaires est rarissime dans le lot du millier de courriels reçus. Pour la plupart, vos messages ressemblaient à celui de Céline Bédard, qui se désole que la simple distanciation physique ne soit même pas encore comprise par tous.

Et elle a donc un appel à tous : « À vos masques, prêts, portez-le ! »

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