Étrange comment le duo Legault-Arruda a tardé à prescrire le masque, vous ne trouvez pas ?

C’est comme si, jusqu’à la conférence de presse d’hier, ils croyaient que les Québécois étaient incapables de suivre correctement une consigne… même s’ils ont suivi les autres règles à la lettre jusqu’ici.

Voyez par vous-même les résultats du coup de sonde Léger dévoilé mardi : 

 – 97 % des Québécois respectent les deux mètres de distanciation ;

 – 92 % ont appris à se laver les mains plus souvent ;

 – 92 % se toussent maintenant dans le coude ;

 – 86 % sortent de leur confinement uniquement pour les nécessités.

Et combien portent le masque, pensez-vous ?

À peine 42 %, selon le sondage… un taux qui semble même surestimé quand on se promène en ville.

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Difficile de ne pas voir là le résultat des messages contradictoires de MM. Legault et Arruda, qui ont enfin, mardi, porté le masque en public avant de le recommander avec un tout petit peu plus de conviction que les semaines précédentes.

Mieux vaut tard que jamais. Mais une question persiste : pourquoi sent-on encore que le duo se perd en conjectures sur cette question plutôt simple ?

Quand on leur a demandé pourquoi ils refusent toujours de rendre le couvre-visage obligatoire dans certains endroits particuliers comme le métro, trois arguments ont été évoqués.

D’abord, les gens pourraient le porter tout croche : oui, peut-être. 

Mais ce n’est pas sorcier, un masque, c’est mieux que pas de masque. Peu importe comment on le manipule.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, le premier ministre, François Legault, et le directeur national de santé publique, Horacio Arruda (à l’arrière), se sont présentés à la conférence de presse, mardi, en arborant le masque.

Ensuite, le masque risque d’apporter un faux sentiment de sécurité : ah bon ? Devrait-on cesser de rendre la ceinture obligatoire en auto de crainte que les gens oublient le danger et roulent en fou ?

Et enfin, la meilleure : il y a des enjeux légaux qui empêcheraient l’État d’imposer le port du masque…

Passons sur l’ironie d’entendre cela d’un gouvernement qui a forcé par bâillon une loi qui lui permet de se protéger contre les tribunaux pour interdire le voile, et attardons-nous aux faits : Québec sait très bien qu’au besoin, il peut imposer le masque, peu importe les chartes des droits et libertés.

La preuve, le Dr Arruda nous l’a donnée à la fin du point de presse. Il a déclaré que si les gens ne respectaient pas ses recommandations par rapport au masque… il le rendrait obligatoire.

Point à la ligne.

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D’où la prochaine question : pourquoi ne pas le faire tout de suite ? À tout le moins dans les circonstances où les fameux deux mètres sont impossibles ?

Ce n’est pas comme si la situation à Montréal nous permettait de mettre de côté une seule mesure, aussi imparfaite soit-elle, qui pourrait contribuer à apaiser la crise.

Prenez le métro et le bus. Impossible de respecter la distanciation physique. Le masque devrait donc être une obligation ferme comme c’est le cas dans bien des villes. Même chose, jusqu’à une certaine mesure, pour les épiceries et les pharmacies.

À la STM, on réplique qu’on ne veut pas avoir une police du masque dans le métro, donner des contraventions, refuser les usagers qui n’ont pas de couvre-visage, etc.

Mais tout cela n’est que réponse de gestionnaire. À Paris, le masque est simplement distribué en entrant dans le métro, et la Ville en distribuera gratuitement à tous les citoyens dans les pharmacies. En Autriche, on les tend aux consommateurs à l’entrée des épiceries. Tandis qu’au Portugal, plusieurs villes ont distribué un kit de masques en papier dans TOUTES les boîtes aux lettres.

Trop compliquées, la surveillance et la distribution ? Soit. Contentons-nous d’imposer le masque dans les transports en commun à Montréal sans mesures coercitives et laissons la pression sociale s’en charger. Pas grave si quelques usagers n’en ont pas, l’important, c’est le message : le couvre-visage fait une différence.

Un message impératif qu’on tarde encore à formuler avec la fermeté nécessaire.

> CONSULTEZ le sondage Léger du 12 mai

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