Il n’y a pas à dire, vous êtes très divisés sur la réouverture des écoles.

Le sujet polarise au point qu’il y a les contre d’un bord, très nombreux. Il y a les pour de l’autre, en grand nombre eux aussi. Et il y a un troisième groupe, peut-être plus populeux encore : les très, très pour…

Pour ce groupe, l’annonce du déconfinement progressif est une très bonne nouvelle… mais cette ouverture devrait aussi, et surtout, s’appliquer aux jeunes du secondaire !

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

« Vous êtes très divisés sur la réouverture des écoles », conclut notre éditorialiste en chef.

« L’école est obligatoire ? L’éducation est essentielle ? Au gouvernement, on semble l’avoir oublié pour le secondaire, déplore Marie-Josée Archambault. Bonne chance aux parents qui tentent de convaincre leurs jeunes de l’importance des études et bonjour la démotivation ! Je crains vraiment la vague de décrochages à venir. »

« Après six mois sans école, il faut absolument un effort pour contrer le décrochage potentiel des adolescents », renchérit Nadine Labat. « Oui, c’est vrai, le feu est pris chez nos aînés, mais pas chez les enfants, qui sont négligés pendant cette pandémie. Surtout les ados, qui sont les pires victimes de tout ça ! », croit Diane Proulx.

Une enseignante de Montréal, Sophie Predan-Chauvin, témoigne d’ailleurs de cette situation. Elle évoque les élèves aux besoins particuliers du secondaire, qui sont laissés pour compte, à son avis.

« A-t-on vraiment pensé à ces élèves ? Malheureusement, les trousses éducatives fournies par le Ministère ne sont pas adaptées pour les élèves du secondaire aux besoins particuliers. De plus, enseigner à distance demeure une énigme avec ce genre de classe. »

L’impatience se sent par ailleurs dans bien des lettres que vous avez envoyées par centaines. L’impatience de voir autant d’enfants à la maison, loin des livres et des dictées, trop souvent scotchés à leurs écrans pendant des heures et des heures…

« Enfin ! », lance Guy Ouellet.

« Il était temps ! », ajoute Hannah Guernon.

« Il faut graduellement rouvrir. Dans le cas contraire, la dépression sera si profonde que les dommages collatéraux du coronavirus seront aussi, sinon plus lourds que la détérioration de l’état de santé de la population elle-même », estime Luc Palardy.

Raymond Mathieu, qui travaille dans un service de garde d’urgence, applaudit lui aussi la décision gouvernementale. « C’est une excellente idée, je travaille depuis le début du confinement et nous arrivons très bien à faire les choses. Les enfants s’adaptent très bien à toutes les nouvelles règles instaurées : nettoyage des mains, désinfection du matériel, etc. Ils ont même trouvé une nouvelle façon de se faire des câlins, les coudes dans les airs avec une petite danse toute mignonne. »

Mais peu importe l’impatience des uns et des autres, des parents et des enseignants, c’est aussi en grand nombre que vous avez appelé le gouvernement à surseoir à cette décision trop hâtive.

« Je ne pense pas que six semaines d’école vont changer quelque chose dans la vie des enfants du primaire. Pourquoi prendre le risque de contracter ce virus et de le transmettre aux parents qui doivent s’occuper d’eux ? », demande Louiselle Roberge.

« Il y a trop d’incertitude pour le moment, croit François Robert jr. Ouvrons plutôt les cours d’école, les parcs, les sentiers pédestres, les pistes cyclables et misons, parallèlement, sur des capsules intelligentes et éducatives. »

Certains lecteurs vont même plus loin : le retour en classe est totalement incompatible avec la distanciation physique et autres mesures nécessaires en période de pandémie. La contamination sera fulgurante, surtout pour le personnel, écrit Céline Simard.

« Ayant travaillé 30 ans en milieu scolaire comme psychoéducatrice, je peux dire d’expérience que c’est utopique. Ramasser un enfant qui s’écorche un genou dans la cour, ouvrir 10 contenants de yogourt au dîner, consoler un enfant en pleurs, retenir un enfant en crise dans une classe, ramasser les dégâts d’un enfant malade, changer les vêtements d’un petit de maternelle qui s’est échappé. Ces évènements arrivent au quotidien des dizaines de fois dans une école primaire. Alors, la distanciation physique et la sécurité du personnel, c’est impossible ! »

« Penser que la distanciation physique sera applicable aux enfants, c’est être totalement déconnecté de la réalité, renchérit Robert Landry, un enseignant à la retraite. Retourner les profs dans les écoles sans leur offrir un minimum de protection, c’est comme les envoyer directement à l’hôpital. Après les préposées aux bénéficiaires, ce sera au tour des profs de subir les affres de cette maladie. »

Autrement dit, l’impatience des uns est contrebalancée par la colère, voire la détresse des autres. Surtout ceux qui auront à accueillir toute cette marmaille, à partir de la mi-mai, dans les écoles et les garderies.

« Je suis éducatrice spécialisée. Je prévoyais la retraite dans environ six ou sept ans. Mais là, je songe très sérieusement à donner ma démission, confie Catherine Simard. Mon conseiller financier désapprouve, mais j’ai si peur… De jeunes préposées de 30, 40 ou 50 ans qui meurent. Qui travaillent avec masque et visière. Et moi, collée avec un marmot qui pleure le départ de maman qui est infirmière à l’hôpital. Sans protection aucune. Je suis pétrifiée. »

Donc, entre l’impatience des uns et l’inquiétude des autres, le gouvernement a choisi… pour le moment.

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