Votre enfant fréquente une garderie privée non subventionnée ? On vous comprend d’être déçu à la suite de la mise à jour économique du gouvernement Legault.

Votre voisin qui fréquente un établissement subventionné risque dorénavant de payer moins cher, alors que votre facture restera la même. Avoir su qu’une garderie subventionnée coûterait moins cher, vous auriez peut-être fait un autre choix. Et si vous souhaitez maintenant changer de garderie, vous peinerez à trouver une place.

Mais malgré tout, remettez les tomates dans votre poche. Le gouvernement Legault ne mérite pas la colère des parents. Le Québec paye encore pour les erreurs historiques des précédents gouvernements libéraux.

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, fait de son mieux pour y remettre de l’ordre. Cela prendra du temps, mais l’important, c’est qu’il avance dans la bonne direction.

D’ailleurs, une importante nuance doit être faite. Les tarifs en garderie privée n’augmenteront pas. C’est juste qu’ils ne baisseront pas en même temps que ceux du réseau subventionné. En somme, on revient à la situation qui prévalait avant l’élection du gouvernement Couillard.

Rappelons qu’en 2015, les libéraux manquaient à leur promesse en modulant les tarifs pour le réseau subventionné (CPE, privé subventionné et milieu familial subventionné). Le coût variait en fonction du revenu selon un calcul complexe. Pour les parents au revenu faible ou élevé, fréquenter le réseau non subventionné devenait moins coûteux. Pour la classe moyenne, c’était le contraire.

C’est cela que la CAQ vient d’annuler. Les tarifs dans le réseau subventionné reviennent à un coût uniforme (8,25 $ par jour). Ceux du privé ne changent pas. Ils restent supérieurs, entre 35 $ et 50 $, mais sont réduits par un crédit d’impôt.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe

Il est vrai que la CAQ aurait pu bonifier le crédit d’impôt pour les garderies privées afin de baisser la facture des parents. C’est ce qu’on fait les libéraux deux fois (sous les gouvernements Charest et Couillard). Mais c’aurait été un diachylon sur le problème. Une solution comptable à courte vue.

Le ministre Lacombe fait beaucoup mieux. Il s’attaque au véritable problème : le manque de places subventionnées, particulièrement dans les milieux défavorisés, et le manque de contrôle de qualité.

Sous le gouvernement Charest, les libéraux ont énormément nui au réseau subventionné. Par réflexe partisan, ils ne voulaient pas encourager cette réussite du Parti québécois. Et par manque de vision, ils concevaient les garderies comme une dépense et non comme un investissement. Ils ont donc misé sur le réseau privé, qui leur coûtait moins cher. Et ce, sans même faire d’efforts pour en améliorer la qualité.

La part du privé non subventionné est passée de 1 à 22 % du réseau. Il y avait différents systèmes de garderie, proposant différents tarifs et avec différentes normes de qualité.

Pire, lorsque les libéraux ont annoncé 11 000 places en 2011 puis en 2013, ils se sont contentés de les créer… seulement sur papier. Aujourd’hui, ces belles annonces n’ont pas encore mené à l’ouverture d’une seule place !

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

« À défaut d’avoir une machine à remonter le temps pour empêcher les libéraux de désorganiser le réseau, M. Lacombe a trouvé la meilleure approche », conclut notre éditorialiste.

À la fin de son mandat, le gouvernement Couillard a lancé de nouveaux appels d’offres pour construire des places. Et pour la première fois, il a changé la loi pour resserrer le contrôle de la qualité. C’était positif, mais un énorme ménage reste à faire.

À très court terme, le gouvernement caquiste n’aidera pas. Des places non subventionnées risquent de fermer à cause de la concurrence de la maternelle 4 ans et aussi à cause des tarifs désormais plus avantageux dans le réseau subventionné.

Mais pour le moyen et le long terme, le ministre Lacombe avance dans la bonne direction.

D’abord, il va s’assurer d’ouvrir les places promises en 2011 en plus d’en créer 4000 autres. Ensuite, pour savoir où les ouvrir, il va considérer les indices de défavorisation afin de prioriser les familles aux revenus modestes. Et enfin, il va convertir certaines garderies privées non subventionnées afin de les inclure dans le réseau subventionné en vertu d’un projet-pilote en préparation. Cela ajoutera ainsi des places à contribution réduite tout en améliorant la qualité, car ces garderies auront désormais accès à l’enveloppe pour les ressources spécialisées.

Insistons : jamais un ministre de la Famille n’avait été actif à la fois dans la création et dans la conversion de places pour le réseau subventionné.

À défaut d’avoir une machine à remonter le temps pour empêcher les libéraux de désorganiser le réseau, M. Lacombe a trouvé la meilleure approche.

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